On ne les trouve pas seulement dans les rollers, les machines à laver et les réfrigérateurs, mais aussi dans les voitures, les avions et les chars: sans roulements à billes, le monde moderne serait littéralement paralysé. Or, ce composant omniprésent dans toute industrie se raréfie actuellement en Russie et risque d'entraver la production de guerre du Kremlin, rapportent les spécialistes du Center for Strategic and International Studies (CSIS).
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Selon ce rapport, avant l'invasion de l'Ukraine, la Russie importait plus de la moitié de tous ses roulements à billes. En 2020, ce chiffre s'élevait à 55%, dont 17% provenaient d'Allemagne. Les 38% restants étaient importés d'autres pays européens et d'Amérique du Nord, indique le rapport du CSIS. Mais après février 2022, les fournisseurs occidentaux se sont retirés du marché russe.
La production et la réparation des trains seraient également touchées par cette pénurie – particulièrement douloureuse – pour l'économie russe qui est fortement dépendante du rail. «La Russie pourrait certes remplacer les roulements à billes occidentaux par des importations, par exemple de Chine ou de Malaisie pour maintenir son économie de guerre en activité», peut-on lire, «mais ces engins sont très probablement de moindres qualité et moins fiables».
Le CSIS prévoit également de grandes difficultés de livraison pour d'autres composants essentiels à la guerre. Ainsi, la flotte de chars du Kremlin pourrait perdre nettement en qualité, car le pays n'arrive plus à se procurer des systèmes optiques utilisés dans les chars modernes.
La situation est similaire pour les puces électroniques. La Russie n'est pas capable d'en produire seule, alors qu'elles sont également indispensables aux systèmes d'armement modernes.
Selon le CSIS, la situation n'est pas moins problématique pour les moteurs, les pièces de moteur et les machines-outils: avant la guerre, la Russie était fortement dépendante des importations occidentales dans ces domaines. Le Kremlin affirme être désormais indépendant du savoir-faire occidental, mais ce n'est pas très convaincant.
Les experts du CSIS estiment que dans ces conditions, la Russie peut produire environ 20 chars de combat par mois. Mais ce taux serait contrebalancé par des pertes d'au moins 148 chars par mois en Ukraine, indique le rapport en se référant aux chiffres du projet Oryx; celui-ci ne répertorie toutefois que les pertes documentées par des images. Les pertes réelles des troupes de Poutine pourraient donc être nettement plus élevées. (mk)
Traduit et adapté par Léa Krejci