L'armée russe a enregistré des pertes gigantesques en Ukraine, et pas uniquement au niveau humain. La liste des véhicules détruits, endommagés ou capturés par les adversaires ne cesse de s'allonger, à tel point qu'avant même le premier anniversaire de la guerre, des analystes occidentaux ont estimé que Moscou avait perdu la moitié de ses chars.
Les chiffres laissent peu de place au doute. Selon le site spécialisé Oryx, qui liste les pertes des deux camps depuis le 24 février, près de 2000 chars d'assaut russes ont déjà été mis hors d'état de nuire, 1151 desquels ont été détruits. A cela il faut ajouter des centaines d'autres blindés, obusiers et lance-roquettes, pour un bilan total avoisinant les 10 000 unités. Comme Oryx ne recense que les pertes qu'il est en mesure de confirmer visuellement, le nombre réel est probablement plus élevé.
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«Ceux qui s'attendaient à ce que l'invasion de l'Ukraine soit un spectacle de la puissance militaire russe ont vite été déçus», commente Oryx au-dessus de l'une de ses listes. «La dégradation de ses capacités de combat s'est poursuivie à un rythme soutenu et, un an après le début de la guerre, les fissures dans la machine militaire russe commencent à se transformer en gouffres», ajoute-t-il.
Pour répondre à ces lacunes et reconstituer ses stocks, le Kremlin n'a pas déployé les armes ultramodernes qu'il a vantées à maintes reprises, comme le nouveau char T-14 Armata, révélé pour la première fois en 2015.
Face à ces pertes, Moscou a plutôt commencé à réintroduire des centaines de variantes remises à neuf ou améliorées d'antiques blindés soviétiques, certains desquels datant même des années 1950, poursuit Oryx. Ce faisant, la Russie puise dans les immenses réservoirs bâtis par l'URSS, des milliers de chars qui reposent dans des dépôts dans l'Extrême-Orient russe.
Fin mars, les images d'un train transportant de vétustes chars T-45/55, un modèle développé après la Deuxième guerre mondiale, n'étaient pas passées inaperçues. 👇
Cette nouvelle «stratégie» russe a pris tellement d'ampleur qu'Oryx s'est amusé à lister les véhicules «plus vieux que vos parents» (et parfois plus vieux que Poutine lui-même) remis en service ou déployé en Ukraine. Ce «nouvel» arsenal comprend notamment, côté chars:
La situation n'est guère meilleure pour d'autres composantes de l'armée russe, poursuit Oryx, qui a notamment repéré:
Certains blindés sont même équipés de canons datant des années 1940. Si les usines russes s'emploient à moderniser les équipements vieillissants pour les doter d'une protection supplémentaire, le gros des «reliques réactivées» est envoyé au front dans un état pratiquement inchangé, constate Oryx.
Et alors que ces vieux blindés trouvent le chemin des unités de première ligne, l'Ukraine a reçu ces derniers jours les chars modernes de conception occidentale, comme le Leopard allemand ou le Challenger britannique. (asi)