Cette première audience du procès, prévue à huis clos dans le tribunal municipal de Moscou, intervient à la veille de la première lecture à la Douma, chambre basse du Parlement. Y sera débattu un projet de loi interdisant aux personnes impliquées dans des organisations classées «extrémistes» d'être élues députés.
Le parquet russe avait demandé mi-avril de qualifier plusieurs organisations liées à Alexeï Navalny d'«extrémistes», un qualificatif qui fait encourir aux collaborateurs et partisans de l'opposant de lourdes peines de prison.
Lui-même est incarcéré depuis janvier, et a fait une grève de la faim de trois semaines en avril. Cette demande vise le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) d'Alexeï Navalny, connu pour ses enquêtes dénonçant le train de vie et les malversations des élites russes. Le parquet accuse les organisations d'Alexeï Navalny de chercher à «créer les conditions de la déstabilisation de la situation sociale et sociopolitique» en Russie.
Si Alexeï Navalny n'a pas été autorisé à briguer la présidence russe face à Vladimir Poutine en 2018, les autorités ont toléré pendant des années le mouvement de l'opposant. Mais à l'approche des élections législatives de septembre, le Kremlin cherche à ne laisser aucune chance à ce mouvement sur fond d'une fatigue croissante de la population après deux décennies de présidence Poutine. Et d'ajouter à cela de l'aggravation de la situation économique dans le pays provoquée notamment par l'épidémie de coronavirus.
Update: missing Navalny doctor has been found alive https://t.co/ZOaOxOZY61 https://t.co/CThk1CyAWu
— Bill Browder (@Billbrowder) May 10, 2021
Ainsi, la Douma est censée se pencher mardi sur un projet de loi proposé par un groupe de députés du parti au pouvoir «Russie unie». Le texte devrait être adopté avant les élections législatives de septembre et aura une force rétroactive, selon ses auteurs.
Principal opposant russe et pourfendeur acharné de la corruption, Alexeï Navalny, comptait présenter ses candidats pour les législatives de septembre. Ou alors soutenir ceux d'autres formations les plus à même de battre les représentants du parti du Kremlin. Si ses organisations étaient classées extrémistes, elles seraient de facto interdites et leurs membres menacés de peines de prison.
En réaction, les bureaux régionaux d'Alexeï Navalny en Russie ont annoncé leur autodissolution fin avril. Ce réseau avait déjà été ajouté fin avril à une liste d'organisations «extrémistes et terroristes» du service russe des renseignements financiers, où figurent notamment les groupes djihadistes Al-Qaïda et État islamique. (ga/afp)