«La Russie a perdu la guerre», a affirmé mardi le président de l'état-major unifié des forces armées américaines, Mark A. Milley. Pas n'importe qui. «La Russie a perdu, stratégiquement, opérationnellement et tactiquement. L'Ukraine reste libre et indépendante. L'Otan et sa coalition n'ont jamais été aussi fortes», a-t-il ajouté.
Au-delà de l'effet d'annonce, une chose est sûre. La Russie a subi des pertes gigantesques depuis le début de l'invasion. De nouveaux chiffres, diffusés vendredi par les renseignements britanniques, le prouvent, une fois de plus.
Le nombre total de victimes oscille entre 175 et 200 000 unités, a affirmé le ministère britannique de la Défense dans son rapport quotidien. Ce chiffre, qui cumule les morts, les blessés et les déserteurs, réunit les soldats de l'armée régulière russe ainsi que les mercenaires du groupe Wagner. 40 à 60 000 hommes seraient morts au total.
Le rapport entre soldats blessés et soldats tués est particulièrement élevé, du moins par rapport aux standards modernes, commente le ministère de la Défense.
Par rapport à d'autres exemples récents, la guerre en Ukraine est un conflit à haute intensité, nous expliquait fin janvier le spécialiste Alexandre Vautravers. «L'intensité des combats n'a presque jamais faibli pendant 11 mois. La consommation des munitions d'artillerie a été supérieure à la Première Guerre mondiale», affirmait-il. Selon des estimations américaines diffusées en novembre, les deux belligérants tiraient plus de 24 000 obus par jour.
Le ministère britannique de la Défense indique, en effet, que l'artillerie ukrainienne a «presque certainement infligé la majorité des pertes russes». Depuis quelques mois, Kiev peut bénéficier de centaines d'obusiers modernes, fournis par les alliés occidentaux.
Londres cite une autre raison expliquant le nombre élevé de victimes, vraisemblablement dû à un service médical «extrêmement rudimentaire» au sein d'une «grande partie» des forces russes.
Autre élément intéressant cité par le rapport britannique: le nombre de victimes russes a considérablement augmenté depuis septembre 2022, date à laquelle Vladimir Poutine a annoncé sa «mobilisation partielle».
Depuis quelques mois, les combats se concentrent autour de la petite ville de Bakhmout, située dans la région de Donetsk. Dans ce secteur, les défenseurs ukrainiens font face aux mercenaires du groupe Wagner, connu pour appliquer une stratégie particulièrement cruelle.
La grande majorité du personnel Wagner en Ukraine est constituée d'anciens détenus, lancés sans protection à l'assaut des positions adversaires dans de soi-disant «vagues de chair». Le taux de mortalité est extrêmement élevé. Selon le Ministère britannique de la Défense, jusqu'à la moitié des prisonniers recrutés par Wagner ont été tués.
Selon Reuters, environ 40 000 détenus ont été envoyés en Ukraine au mois de décembre.
Rappelons enfin que, si Moscou ne communique que très rarement au sujet de ses morts en Ukraine, Kiev applique la stratégie inverse. Depuis les premières phases de l'invasion, les autorités ukrainiennes publient une liste des pertes adversaires.
L'écart avec les estimations occidentales est saisissant: le dernier bilan fait état de plus de 140 000 soldats «liquidés». Ces chiffres, pas reconnus par l'ONU, sont remis en doute par plusieurs experts. «La raison est compréhensible», expliquait Alexandre Vautravers: «Gonfler les chiffres permet de motiver les troupes et d'envoyer un message aux pays occidentaux soutenant l'Ukraine». (asi)