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Ukraine: «Il n'y aura pas de paix avec Poutine»

Volodymyr Zelensky et son conseiller principal Michajlo Podoljak
Michajlo Podoljak (vignette) est le conseiller principal du président ukrainien Volodymyr Zelensky.Image: keystone/watson

«Il n'y aura pas de paix avec Poutine»: confie le conseiller de Zelensky

Mykhaïlo Podoliak est l'homme derrière Volodymyr Zelensky. Le conseiller du président ukrainien parle de la contre-offensive, d'un changement de régime au Kremlin et dit comment la Suisse peut aider à mettre fin à la guerre.
13.08.2023, 07:5522.08.2023, 15:58
Stefan Schocher, Kiev / ch media
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L'offensive ukrainienne progresse plus lentement que prévu. Pourquoi?
Mykhaïlo Podoliak: L'offensive progresse tout au long de la ligne de front. Nous devons détruire cette armée. Pas seulement sa force en Ukraine, mais aussi l'ensemble du complexe militaire en Russie et l'infrastructure militaire russe. Cela prend du temps. De plus, les Russes ont construit des lignes de défense et miné de vastes zones. Mais en dépit de tout cela, nous allons de l'avant. Nous fatiguons les troupes russes.

«Tout se déroule actuellement selon le plan de l'état-major»

Et je pense que nous parviendrons à un consensus avec nos partenaires sur la livraison de davantage de moyens militaires: des munitions, des missiles, de la défense antiaérienne, des jets et aussi des véhicules de déminage.

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Ces dernières semaines ont également été marquées par une intense activité diplomatique sous l'initiative de l'Ukraine. Mot-clé: les discussions en Arabie saoudite. La Russie n'y participe pas, mais la Chine est présente à la table des discussions. A quoi se mesure le succès de cette initiative?
Que les choses soient claires: il ne s'agit pas de négociations. Nous créons une plateforme. Il doit y avoir une position consolidée du monde en ce qui concerne les piliers d'une paix. Pour l'instant, il n'y a personne avec qui négocier. La Russie ne peut donc pas participer à ces consultations. La Russie insiste pour que toutes ses exigences ultimes soient satisfaites. De facto, cela signifie la capitulation de l'Ukraine. Ce n'est pas une base pour des négociations. D'un autre côté, il y a des Etats - et nous parlons aussi de la Chine - qui ont une position neutre.​

«Nous devons nous concerter avec ces Etats afin de faire comprendre qu'il ne peut y avoir de compromis dans cette guerre et pourquoi il est impossible de conclure un accord avec la Russie.»
Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky

Quelle est l'importance de la participation chinoise à ces consultations? Pékin est-elle vraiment impliquée?
Il est important de noter qu'un grand nombre d'Etats ont participé à ces discussions: la Chine, l'Inde, le Brésil et aussi l'Afrique du Sud. Il est primordial que la Chine, l'Inde et l'Afrique du Sud participent à ces consultations, où l'on clarifie comment la guerre peut prendre fin.

«On ne peut pas mettre fin à cette guerre en violant le droit international. C'est pourtant ce que fait la Fédération de Russie»

Est-il possible d'être neutre dans une guerre comme celle-ci? Je pense à la Suisse ou à l'Autriche.
Il est important que l'Autriche et la Suisse rejoignent la coalition d'Etats qui comprennent comment mettre fin à cette guerre, et qu'ils ne se contentent pas de faire des phrases générales ou d'aider la Russie - directement ou indirectement. La Russie ne veut terminer et gagner cette guerre qu'à ses propres conditions.

La fin de la guerre est-elle en vue?
Sans aucun doute. Nous avons, toutefois, besoin de plus d'armes. Cela permettra de mettre fin plus rapidement à la guerre. Nous devons également faire comprendre au monde que cette guerre ne peut pas se terminer par un compromis. Elle prendra fin uniquement si la Russie perd et retire son armée d'Ukraine.

La fin de la guerre est-elle possible avec le régime actuellement en place en Russie?

«La Russie est un pays qui n'évalue pas la situation de manière réaliste. Ils ne comprennent pas les règles du monde moderne»
Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky

Et ils ne sont pas prêts à respecter les traités ou accords internationaux. A ce stade, il n'est pas possible de parvenir à une quelconque forme d'accord avec Moscou. La puissance de la Russie est basée sur l'expansion - j'entends par là des attaques contre d'autres Etats. C'est pourquoi il est inutile de signer des accords avec la Russie, car elle ne les respectera jamais. Ce principe d'expansion s'observe en Afrique, en Syrie, en Europe. Tout accord avec la Russie ne fera que conduire à la prochaine étape de l'agression.

Du point de vue de l'Ukraine, la victoire, et donc la paix, conditionne la chute du régime russe.
Absolument. La victoire ne signifie pas seulement le rétablissement des frontières de 1991. Si l'élite politique actuelle reste en place, elle cherchera toujours à se venger: elle doit tomber. Si la Russie gagne, il n'y aura plus de droit international. Nous verrons alors d'autres attaques et invasions terroristes dans le monde. Si elle perd, elle sera préoccupée par ses propres problèmes internes et la sécurité du continent européen pourra être reconstruite.

Les partenaires occidentaux de l'Ukraine comprennent-ils cela?
La question est de savoir si les pays occidentaux sont prêts à vivre avec le fait que la Russie est un Etat terroriste qui utilise des technologies de relations publiques pour faire du chantage. Ils devront alors vivre avec le fait que cet état terroriste a obtenu quelque chose aujourd'hui et qu'il voudra en obtenir davantage demain.

«Si la Russie ne se transforme pas, elle ruinera les règles mondiales»

Nous expliquons à nos partenaires que nous devons mettre fin à cette guerre de la bonne manière. Il est moins cher de briser politiquement la Fédération de Russie aujourd'hui que d'augmenter encore et encore les budgets de sécurité.

L'Otan a fait des promesses, mais moins que ce que l'Ukraine attendait. La relation avec l'Otan est-elle stable?
C'est un partenariat extrêmement stable et progressif. L'Otan a cessé de faire attention à la Fédération de Russie et se concentre sur son propre espace de sécurité. L'alliance a de très bonnes relations avec l'Ukraine. Jusqu'à présent, toutefois, tout le monde ne comprend pas l'ampleur réelle de cette guerre.

C'est-à-dire?
Les centres d'analyse de l'alliance ne comprennent pas vraiment de quels moyens dispose la Russie et de quels moyens nous avons besoin. L'Otan poursuit son soutien, mais pas forcément comme nous en aurions besoin. Nous avons des déficits: obus de gros calibre, grenades de 155mm et 120mm, munitions antichars, missiles à longue portée avec lesquels nous pouvons frapper des dépôts stratégiques, défense antiaérienne, matériel de déminage ou encore capacités de réparation de véhicules. Le monde démocratique n'est peut-être pas prêt à réaliser l'intensité de cette guerre.

«Je pense que l'industrie militaire de certains pays de l'Otan n'était pas prête pour une telle guerre»

La Russie joue contre la montre. Pendant ce temps, l'Ukraine perd des gens sur le champ de bataille (émigration ou taux de natalité qui a chuté de 28%). Cette guerre peut encore durer longtemps. Est-il possible de gouverner dans ces conditions, de mettre en œuvre des réformes et de poser des jalons pour l'avenir?

Aucune guerre ne peut durer éternellement. Sa durée dépend des ressources à disposition. Et la Russie perd petit à petit des siennes.

«Moscou a tout intérêt à geler cette guerre, car elle a compris qu'elle ne pouvait pas contrôler l'Ukraine militairement»

Le régime du Kremlin veut vaincre l'Ukraine par d'autres moyens et lui faire perdre son processus de réforme interne. Pendant la guerre, l'Ukraine aura des problèmes d'investissement, de développement et d'économie. Ce n'est que la fin de la guerre qui nous aidera à faire revenir les gens en Ukraine. C'est pourquoi nous devons commencer à lancer des réformes maintenant, ou du moins les préparer pour les mettre en œuvre après notre victoire. Nous devons savoir dès maintenant ce que nous ferons après. Nous posons les fondations maintenant. L'Ukraine est prête à changer.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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