Il y a quelques jours, le journaliste militaire ukrainien Roman Bochkola a posté sur les réseaux sociaux une vidéo qui a fait beaucoup parler. Le clip, tourné au Royaume-Uni, montre le reporter devant un char d'assaut britannique qui semble avoir été préparé pour l'Ukraine. Bochkola a d'abord cru, à tort, que l'engin était un Challenger 1, un modèle de char datant des années 1980.
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Ce n'est qu'à l'appel d'un autre internaute que le reporter s'est rendu compte qu'il avait en fait devant lui un modèle de char nettement plus ancien, le FV4201 Chieftain, conçu à la fin des années 1950. Les moqueries ne se sont pas fait attendre. A commencer par Roman Bochkola lui-même, qui a commenté:
Mais ce modèle de collection est-il vraiment aussi inutile que le prétend le journaliste? Quels sont les points forts du Chieftain, et peut-il aider l'Ukraine dans sa contre-offensive?
Guys, sorry, party is over. That's Chieftain mk.10. The world decided to dispose all crap left here, in Ukraine 😭🤣
— Voices of the Army 🇺🇦🔊 (@SmartUACat) July 18, 2023
La technologie du Chieftain est certes dépassée, mais le char de combat peut tout de même rivaliser avec plusieurs tanks russes. «En comparaison, il bat les modèles russes T-54/55, T-62, T-64 et T-72», écrit par exemple l'analyste militaire Nicholas Drummond sur Twitter.
La polyvalence du Chieftain peut également être un avantage pour l'Ukraine. Avec son canon de 120 millimètres, le char de combat britannique peut tirer de nombreux obus modernes à une distance allant jusqu'à 4,1 kilomètres. Cela rend le Chieftain pratique pour l'armée ukrainienne, car il peut tirer la plupart des munitions fournies par l'Occident.
Toutefois, le Chieftain a aussi ses faiblesses. Comparé à de nombreux chars de combat modernes, mais aussi à d'autres chars de combat occidentaux de son époque, il est lent et immobile sur le terrain, écrit l'ancien commandant de chars américain David Garden sur le blog spécialisé «keymilitary.com».
Un autre problème majeur est le blindage du Chieftain, qui ne mesure que 200 millimètres à son point le plus épais. Comme l'explique le magazine Forbes, ce blindage était déjà un problème à l'époque où le char était en service. Dans les années 1980, lorsque l'Irak combattait l'armée iranienne équipée de Chieftain, les T-62 soviétiques mettaient les chars britanniques hors d'état de nuire les uns après les autres.
C'est pourquoi les ingénieurs militaires britanniques ont conçu la mise à niveau «Stillbrew», qui leur a permis d'améliorer le blindage du Chieftain d'environ 50%, écrit Forbes. Il est toutefois probable que les Chieftain destinés à l'Ukraine proviennent de Jordanie, et n'aient pas reçu la mise à niveau «Stillbrew». L'armée ukrainienne est toutefois experte dans le bricolage de matériel militaire et pourrait retaper les tanks britanniques, peut-on lire dans l'article de Forbes.
En combat rapproché direct, il pourrait donc être difficile pour le Chieftain de tenir tête aux chars de combat russes. Toutefois, l'Ukraine pourrait utiliser le Chieftain pour frapper des véhicules ennemis situés à plusieurs kilomètres de distance. En effet, le dispositif de visée du char de combat britannique est encore aujourd'hui à la pointe de la technologie.
Avec un nombre suffisant de Chieftains, l'Ukraine pourrait probablement faire quelques coups d'effet contre l'armée russe. Il ne s'agit toutefois pas d'une arme miracle capable de faire avancer la contre-offensive de l'Ukraine.
Cependant, il n'y a pas encore d'informations sur la version des chars de combat qui sera livrée à l'Ukraine et quand. Roman Bochkola n'a publié aucune information à ce sujet dans sa vidéo et aucun pays n'a encore confirmé officiellement la livraison. Cependant, étant donné que les chars Chieftain ne sont plus nécessaires à l'armée britannique, des experts comme Nicholas Drummond estiment qu'il est très probable que l'Ukraine reçoive ces chars d'époque dans un avenir proche.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)