Après leur mutinerie ratée contre le pouvoir russe, une partie des mercenaires de Wagner a été exilée en Biélorussie. Si les dirigeants à Moscou sont rassurés, cette situation suscite des inquiétudes à Varsovie et à Vilnius, qui se sont encore accentuées ces derniers jours.
Le 1ᵉʳ août, des habitants de la localité polonaise de Białowieża ont observé deux hélicoptères militaires biélorusses tourner pendant plusieurs minutes au-dessus de la localité, à environ trois kilomètres de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
Après avoir démenti dans un premier temps que l'espace aérien polonais avait été violé, le ministère polonais de la Défense a finalement dû annoncer dans la soirée une telle violation de l'espace aérien et a déclaré que l'Otan avait été informée.
Varsovie a justifié son démenti initial par le fait que les hélicoptères n'étaient pas détectables par les radars en raison de leur faible altitude de vol. Les Etats-Unis se sont même sentis obligés de préciser que la violation de l'espace aérien ne constituait pas un cas d'alliance au sens de l'article cinq du Pacte de l'Atlantique Nord. Autrement dit, l'article qui stipule que si un pays de l'Otan est attaqué, les membres considéreront cet acte comme une attaque armée dirigée contre toute l'alliance et prendra des mesures pour venir en aide au pays attaqué.
Des mercenaires russes de Wagner effectuent actuellement des exercices à la frontière occidentale de la Biélorussie. Le fait qu'ils se déroulent non loin de la brèche dite de Suwałki suscite la nervosité.
Il s'agit d'un corridor terrestre étroit d'à peine 100 kilomètres qui sépare la Biélorussie de l'enclave russe de Kaliningrad et qui relie les pays baltes de l'Otan au coeur européen de l'Otan. En raison de cette situation exposée, cet espace est considéré comme le talon d'Achille de l'Otan en Europe de l'Est.
Le dirigeant biélorusse Loukachenko a déclaré que les mercenaires de Wagner brûlaient d'envie d'attaquer la Pologne. En attirant ainsi l'attention, il veut détourner l'attention de sa totale dépendance vis-à-vis du Kremlin.
Jarosław Kaczyński, le père du PiS, le parti conservateur de droite au pouvoir en Pologne, a également fait parler de lui. Il a récemment fait peur à beaucoup de monde en mettant en garde contre «un nouveau grand danger».
Selon Kaczyński, les mercenaires de Wagner planifieraient des provocations à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. «Mais ils n'arrêteront pas les processus démocratiques en Pologne. Les élections de l'automne auront lieu à temps.» Après une courte pause, il a tout de même ajouté:
Pouvoir se présenter à la population comme un garant de la sécurité et de la stabilité dans une situation de menace serait certainement un avantage pour le parti PiS au pouvoir lors des prochaines élections.
C'est également l'avis de Kamil Kłysiński. Il est expert au Centre d'études orientales de Varsovie et déclare: «Une attaque du groupe Wagner contre la Pologne serait absurde. Il s'agit de propagande destinée à faire peur».
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)