Ce commandant russe a été viré pour avoir refusé de «se montrer lâche»
L'ambiance est-elle tendue dans les rangs russes? Si l'armée ukrainienne charbonne avec sa contre-offensive, persévérant lentement mais sûrement, il semblerait que du côté de l'armée de Poutine, le front gronde et les généraux commencent à se rebeller.
Le commandant de la 58e armée, engagée sur le front sud en Ukraine, a été démis de ses fonctions pour avoir exprimé ses griefs concernant des problèmes au ministère russe de la Défense, selon le média russe Meduza. Ivan Popov n'a pas mâché ses mots pour dénoncer les difficultés que rencontrent ses hommes face aux soldats ukrainiens.
Publié le 12 juillet au soir, un message audio de quatre minutes commence à faire des vagues dans les sphères militaires russes. La voix serait celle du général Popov, commandant de la 58e armée des troupes fédérales du district militaire sud, qui combat sur le front ukrainien, sur la ligne de front de l'oblast de Zaporijia.
Comme le rapporte Meduza, le message vocal (écouté jeudi matin par deux millions d'internautes) a été diffusé par Andrey Gurulev, député du parti au pouvoir «Russie unie» et lui-même ancien commandant de la 58e armée (entre 2012 et 2016).
Ses critiques ont déplu au tandem Choïgou et Guerassimov, car Popov a été limogé sans détour. Sur l'enregistrement, on l'entend s'adresser à ses hommes et assurer qu'il a été écarté car «il a appelé un chat un chat», au lieu de se calfeutrer «dans une lâcheté silencieuse». De plus, il aurait par ailleurs souligné la nécessité d'accélérer la rotation des troupes présentes sur le front compte tenu de leur épuisement, selon une chaine Telegram greffée au groupe Wagner. Ces paroles sont non vérifiées à ce stade.
Guerassimov avait affirmé qu'Ivan Popov était «engagé dans la désinformation et l'alarmisme». A contrario, le président de la Commission de la Défense de la Douma, Andreï Kartapalov, assurait:
D'autres personnages influents ont volé au secours de Popov, entre autres Andreï Tourtchak, l'un des principaux dirigeants du parti présidentiel «Russie unie», validant la position tranchée du commandant désapprouvé: «Un commandant dont la patrie peut être fière.»
«La mort en masse de nos frères»
Ivan Popov, 48 ans, nom de code «Spartak», commandant expérimenté et un haut-gradé, déplore les pertes humaines importantes. Son courage pour ne pas s'être tu a provoqué une réflexion dans le pays et exposant un réel malaise dans le haut commandement russe. Le général assure à ses soldats que ses supérieurs ont senti «une sorte de danger en moi».
A présent, après avoir dénoncé les carences de l'armée russe, le commandant déchu attend son destin militaire. Mais ses paroles acerbes sont l'expression des fractures qui semblent régner dans l'armée russe après la brèche ouverte par la mutinerie orchestrée par les Wagner de Prigojine.