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Guerre contre l'Ukraine

La rébellion de Wagner masquait une mystérieuse mission

La rébellion de Wagner masquait une mystérieuse mission secrète
Les soldats de Prigojine auraient tenté de dégoter des armes nucléaires. Keystone

La mutinerie de Wagner masquait une mystérieuse mission

L'inquiétude est née dès les premières heures de la mutinerie de Wagner. Evgueni Prigojine et ses mercenaires auraient tenté de s'emparer d'une base militaire nucléaire russe. Une thèse remise en cause par certains experts. L'enquête est loin d'être terminée.
13.07.2023, 06:0020.07.2023, 14:53
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Le 24 juin, les mercenaires d'Evgueni Prigojine se sont dangereusement rapprochés de Moscou. La conclusion, tout le monde la connaît désormais. La rébellion a été stoppée net et le «cuisinier de Poutine» a été envoyé en exil en Biélorussie. L'opération aura fait couler beaucoup d'encre.

Comme expliqué en long et en large, Prigojine voulait faire tomber une partie du commandement en place, notamment son grand rival Sergueï Choïgou.

Un détour qui interroge

Mais des interrogations demeurent au sujet de ce fameux 24 juin 2023. Le parcours des combattants de Wagner pose question. L'agence de presse Reuters a tenté de décortiquer leurs déplacements.

Selon des vidéos publiées en ligne, des mercenaires auraient été filmés en route vers l'est, sur une autoroute en direction d'une base militaire russe (Voronezh-45) fortifiée qui détient des armes nucléaires. D'après des entretiens menés par Reuters avec des locaux: les troupes wagnériennes auraient même pris le contrôle de la base militaire.

L'agence de presse Reuters a tenté de confirmer cette information. Elle a pu suivre la trace du convoi roulant vers l'est. Les premiers indices démontrent qu'une fusillade a éclaté entre Wagner et les forces russes dans le premier village traversé.

Ensuite, les paramilitaires auraient avancé jusqu'à la ville de Talovaya sans aucun incident. Mais le calme aura été de courte durée: à 100 km de la base militaire visée, les hommes de Prigojine sont de nouveau attaqués, ont rapporté des habitants du coin à l'agence de presse. Un hélicoptère russe a été d'ailleurs abattu.

La suite est plus floue. Reuters perd même la trace des combattants et peine à reconstituer le déroulé des événements. Selon l'agence de presse, les responsables occidentaux ont déclaré à plusieurs reprises que l'arsenal nucléaire n'a jamais été en danger pendant la mutinerie orchestrée par Wagner.

Dans une interview, toujours pour Reuters, le chef des services de renseignements militaires ukrainiens, Kyrylo Boudanov, confie pourtant que, selon les informations compulsées par Kiev, l'armée Wagner a bel et bien atteint la base nucléaire.

«Faire monter les enchères»

Selon Boudanov, de petits engins explosifs nucléaires pouvant être transportés dans un sac à dos sont stockés à Voronezh-45. Wagner aurait ciblé ces armes pour «faire monter les enchères» lors de la mutinerie. La base militaire est l'une des installations de stockage les plus importantes pour ce genre de marchandise, toujours selon le chef des services secrets ukrainiens.

Reuters n'a pas pu déterminer si de telles armes y étaient effectivement stockées, et Boudanov lui-même n'en a pas apporté la preuve. Selon un rapport de scientifiques de l'ONU, Voronezh-45 est l'une des douze installations nationales de stockage d'armes nucléaires en Russie.

Ces petites bombes atomiques, selon Boudanov, sont une relique de la guerre froide. Les Etats-Unis et la Russie s'étaient toutefois mis d'accord au début des années 1990 pour retirer ces armes de leurs arsenaux.

Cependant, certains responsables américains soulignent qu'on ne sait pas avec certitude si la Russie a effectivement détruit ces armes. Reuters cite David Jonas, ancien conseiller en chef américain de la National Security Administration, qui supervise les armes nucléaires et les matières radioactives dans le monde:

«Je ne pense pas que les Russes les aient encore, mais je ne parierais pas ma vie dessus»
David Jonas

Même si les soldats Wagner avaient réellement mis la main sur ces armes nucléaires, auraient-ils pu s'en servir? Matt Korda, associé de recherche principal et chef de projet pour le projet d'information nucléaire de la Fédération des scientifiques américains, a expliqué à Reuters:

«Les armes sont dans un état d'assemblage incomplet. Pour les utiliser, il faudrait installer des équipements spéciaux, puis obtenir l'autorisation d'enclencher certaines actions»

Des engins nucléaires trop vieux pour fonctionner?

Les engins nucléaires sont même qualifiés de «vieille ferraille» et «sûrement obsolètes», par une autre experte en nucléaire, Amy Woolf.

De son côté, Boudanov suppose que les soldats Wagner ont échoué avant de pouvoir s'approcher des arsenaux nucléaires russes. Ils ont atteint la base militaire, certes, mais ils n'ont pas mis la main sur les armes:

«Les portes étaient verrouillées et il leur était impossible d'entrer»
Boudanov

Une source proche du Kremlin confirme certaines des déclarations de Boudanov à Reuters. Un groupe de soldats de Wagner aurait bien réussi «à pénétrer une zone d'intérêt particulier, provoquant l'inquiétude des Américains, car des munitions nucléaires y sont stockées.»

Les Etats-Unis ne confirment pas

Répondant à une question de Reuters, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adam Hodge, a déclaré:

«Nous ne pouvons pas confirmer ce rapport. À aucun moment nous n'avons eu d'indication que des armes ou des matériaux nucléaires étaient en danger»

D'autres experts ont également souligné à Reuters que le transport d'armes nucléaires aurait pris du temps et aurait très probablement pu être observé par des satellites américains. (svp)

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