On sait depuis longtemps que Donald Trump ne porte pas l'Otan dans son coeur et qu’il souhaite la renverser. Aujourd’hui, il va encore plus loin: lors d’un événement de campagne en Caroline du Sud, il a carrément invité Vladimir Poutine à attaquer un pays membre de l’alliance.
Trump a déclaré qu'un «président d'un grand pays» lui avait demandé un jour si les Etats-Unis le protégeraient en cas d'attaque par la Russie, et sans avoir atteint l'objectif de dépenses de défense de l'Otan. La réponse de l'ex-dirigeant:
Dieses Video von #Trump sollte sich jeder anschauen und dann verstehen, dass Europa schon bald gar keine andere Wahl mehr haben könnte, als sich selbst zu verteidigen. Wir müssen es schaffen, weil alles andere Kapitulation und Selbstaufgabe wäre. pic.twitter.com/A2YPi5zwZr
— Norbert Röttgen (@n_roettgen) February 11, 2024
Ces déclarations ont immédiatement fait sensation. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, s'est senti obligé de préciser dans une déclaration que l'alliance protégerait tous ses membres contre une attaque. Toute déclaration mettant en doute la volonté commune de défendre affaiblit la sécurité collective et met en danger les soldats américains et européens. Il espère que, quel que soit le résultat des élections, les Etats-Unis «resteront un partenaire fort et fiable». Le ministre polonais de la Défense, Wladysław Kosiniak-Kamysz, a lui mis en garde que la campagne électorale n'était pas une excuse pour jouer avec la sécurité de l'alliance.
Et la Maison-Blanche est également sortie de ses gonds. «Il est terrifiant et fou d’inviter des régimes meurtriers à attaquer nos plus proches alliés. Les déclarations de Trump mettent en danger la sécurité nationale et la stabilité mondiale», a déclaré un porte-parole. L'ancien général américain pour l'Europe Ben Hodges a estimé sur X que, d'un point de vue stratégique, les propos de Trump ne pouvaient guère être plus grossiers:
Mais les déclarations choquantes de Trump contiennent une part de vérité à propos du différend sur l’objectif dit «des 2%». Celui-ci stipule que les membres de l'Otan doivent investir au moins cette proportion de leur PIB dans la défense.
Quand il était au pouvoir, Trump a exigé lors de ses apparitions à l’Otan en Europe, d'abord sous forme d'ultimatum puis en tentant de percevoir des taxes, que les membres de l'alliance «paient enfin leur dû».
Sur les 31 membres de l'organisation, seuls onze atteindront cet objectif cette année.
Au final, le secrétaire général Jens Stoltenberg s'attend à ce que la moitié des pays membres respectent prochainement et effectivement ces lignes directrices. À titre de comparaison: la Suisse avait initialement prévu d’investir 1% de son PIB dans l’armée d’ici 2030. Mais une révision budgétaire en fin d’année dernière a conduit à repousser cet objectif.
Dans l’absolu, l’Europe ne s’en sort donc pas si mal. Selon un rapport du Sipri, l’institut de recherche sur la paix de Stockholm, les pays d’Europe centrale et occidentale à eux seuls disposaient d’environ 345 milliards de dollars, soit près de la moitié des dépenses américaines en 2022. Problème: ils n’atteignent dans les faits qu’une fraction de l’efficacité américaine. Car il existe sur le Vieux Continent trop de systèmes d’armes différents, comme c'est le cas pour les chars ou les avions de combat.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)