Les navires de guerre russes passent souvent le Fehmarn Belt sans attirer particulièrement l'attention du public, et ce, à plusieurs reprises le mois dernier. Lors de ces traversées de la voie navigable entre l'Allemagne et le Danemark, ils ne sont toutefois pas seuls: ils sont escortés par des navires de la marine et de la police des deux pays.
Les navires russes ne se rapprochent toutefois pas des pays européens sans raison. Dimanche, ils ont participé à la parade navale devant Saint-Pétersbourg.
Le Fehmarn Belt n'est large que de 19 kilomètres, le chenal de navigation d'à peine neuf kilomètres. Le Belt se trouve sur les rares routes entre la mer Baltique et la mer du Nord – et est important pour la Russie afin de relier Saint-Pétersbourg au reste du monde.
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D'après l'agence russe Tass, 45 navires de combat, canonnières et sous-marins de la flotte de la mer du Nord, du Pacifique, de la Baltique et de la mer Noire ont participé à la «Journée de la marine». Contrairement à l'année dernière, aucun chiffre n'a été communiqué concernant les appareils.
3000 soldats auraient contribué à démontrer la force de la marine russe et à fournir des images pour une propagande ultérieure. Ce serait 500 de moins que l'année précédente. Depuis 2017, le président russe et commandant en chef Vladimir Poutine «vérifie» les performances de sa marine, rapporte Tass.
Depuis plusieurs semaines déjà, des navires de guerre russes passent par le Fehmarn Belt. «Des unités navales russes circulent régulièrement dans la mer Baltique», écrit la police fédérale allemande, les choses ont changé:
Il arrive aussi que des «unités navales d'Etats partenaires de la Fédération de Russie» passent par là.
D'après le Kieler Nachrichten, le destroyer «Severomorsk» a par exemple été aperçu le 9 juillet dans le Fehmarn Belt, accompagné par un navire de la police fédérale et un hélicoptère de la marine allemande. Auparavant, le destroyer russe avait participé à un exercice dans la mer de Barents. La police fédérale confirme certes le passage, mais ne donne pas plus de détails. Le «Severomorsk» est spécialisé dans la lutte contre les sous-marins ennemis et est en service depuis 1987.
Grâce au logiciel de suivi des navires que t-online utilise pour ses enquêtes, il est toutefois possible de retracer ce qui s'est passé le 9 juillet en mer Baltique. Peu avant 9 heures, le navire de la police fédérale «Neustadt» et le navire de la marine danoise «HDMS Diana» se sont approchés dans la baie de Kiel. Le navire russe n'est pas visible sur la carte, car le système d'identification automatique (AIS) était supposé être désactivé. Ensemble, le «Neustadt» et le «Diana» passent le Fehmarn Belt à intervalles rapprochés et longent la côte allemande.
A la hauteur de Sassnitz sur l'île de Rügen, le «Neustadt» allemand vire de bord vers 21h30. Le navire de patrouille danois continue pour l'instant à maintenir le cap. Vers 1 heure du matin, il s'éloigne après avoir dépassé l'île de Bornholm. Comme on peut le voir sur les images de la parade navale, le «Severomorsk», long de 163 mètres, est arrivé à temps à Saint-Pétersbourg.
L'Allemagne ou d'autres Etats ne peuvent pas empêcher le passage: «Le Fehmarnbelt est une eau internationale. N'importe quel navire, y compris un navire de guerre, peut le franchir sans avoir à s'annoncer nulle part», fait savoir le commandement de la marine à Rostock, interrogé par t-online. Les unités de l'Otan sont habituées à escorter les navires de guerre russes et aucun incident n'a été signalé depuis le début de la guerre, d'ailleurs:
Les navires russes ne sont donc pas obligés de déclarer leurs mouvements - et ne le font pas non plus volontairement, «même si nous, en tant que marine allemande, et certainement aussi l'Otan, l'apprécierions beaucoup», dit-on au commandement de la marine. Quel est donc le risque d'escalade?
Selon la marine allemande et la police fédérale, les vacanciers de la Baltique et les habitants des côtes n'ont pas à s'inquiéter: «Au contraire: le comportement des unités russes est pour l'essentiel normal», estime le commandement de la marine.
Samedi, un autre navire russe remarquable a passé le Fehmarn Belt, mais trop tard pour participer à la parade. Comme le rapporte le Kieler Nachrichten, le brise-glace nucléaire «Ural», qui sera mis en service en 2022, serait en route vers un chantier naval près de Saint-Pétersbourg. Le navire spécial de 173 mètres de long aurait de nouveau été accompagné par la police fédérale – apparemment à nouveau sans incident.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)