Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé, vendredi, la Russie d'avoir endommagé avec un drone explosif l'arche de la centrale nucléaire de Tchernobyl, une structure de confinement du réacteur accidenté, assurant qu'aucune hausse des radiations n'avait été constatée.
L'incident intervient en pleine effervescence diplomatique autour de la guerre en Ukraine. Le président américain Donald Trump a rompu le statu quo et l'isolement par l'Occident de Vladimir Poutine en l'appelant mercredi et en proclamant le début de négociations de paix, une initiative qui fait craindre un abandon de l'Ukraine par Washington ou en tout cas un affaiblissement de sa position.
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«La nuit dernière, un drone d'attaque russe équipé d'une ogive hautement explosive a frappé l'enceinte protégeant le monde des radiations du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl», a indiqué le président ukrainien sur X, indiquant qu'un incendie a été «éteint» et que «le niveau de radiations n'a pas augmenté».
L'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a indiqué que son équipe sur place avait entendu «une explosion provenant de l'arche de confinement» et avoir été informé qu'il s'agissait d'un drone.
La structure métallique touchée, inaugurée en 2019, recouvre le réacteur qui a explosé en avril 1986 et protège un premier sarcophage construit par les Soviétiques et les débris radioactifs qui s'y trouvent. L'explosion a eu lieu vers 1h50 du matin vendredi (1h50 ce matin en Suisse), selon l'AIEA. Zelensky a diffusé des images du site, notamment une vidéo de l'explosion et de l'incendie. La déflagration sur ces images a eu lieu à 2h02 (1h02 en Suisse). Sur une des photos, on distingue un trou dans la grande structure métallique et des traces de suie. Des images prises dans les combles de la structure montrent des tôles déchirées et des équipements endommagés.
«La Russie d'aujourd'hui est le seul pays au monde qui attaque de tels sites, occupe des centrales nucléaires et fait la guerre sans se soucier des conséquences. Il s'agit d'une menace terroriste pour le monde entier», a accusé le président ukrainien.
Les autorités ukrainiennes ont indiqué qu'elles allaient informer les Etats-Unis des détails de cette attaque lors d'une rencontre à la Conférence de Munich sur la sécurité vendredi. Volodymyr Zelensky doit y rencontrer le vice-président américain, JD Vance.
«Nous allons donner beaucoup d'informations à nos partenaires américains sur l'attaque russe (...), sur la façon dont ils lancent constamment des drones au-dessus de la zone de Tchernobyl, sur les menaces qu'ils font peser sur (l'arche de confinement) et sur la sécurité nucléaire», a indiqué sur Telegram le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, insistant sur la «colère» des participants à la conférence de Munich:
A l'époque de l'Union soviétique, la centrale a été le théâtre d'un des accidents nucléaires les plus graves de l'histoire. L'arche, installée en 2016 puis officiellement mise en service en 2019 après des années de travaux financés par la communauté internationale, recouvre le sarcophage originel construit pour recouvrir le réacteur accidenté et ses débris.
Le Kremlin a affirmé vendredi que ses forces ne lançaient pas d'attaques contre des installations nucléaires en Ukraine. «Je ne dispose pas d'informations précises. Ce que je sais, c'est qu'il ne peut être question de frappe contre telle ou telle infrastructure nucléaire (..) les militaires russes ne font pas ça», a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
La Russie a occupé, au début de son invasion il y a trois ans, le site de la centrale avec des troupes venues du Bélarus voisin, nourrissant les craintes de fuites radioactives ou d'un nouvel accident.
Les troupes russes s'en sont retirées fin mars 2022, lorsque Moscou a été contrainte à la retraite du nord de l'Ukraine, face à l'échec de son assaut contre Kiev, la capitale ukrainienne, qui est à moins d'une centaine de kilomètres à vol d’oiseau de la centrale.
En mars 2022, la Russie a aussi pris par la force la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, dans le sud de l'Ukraine, suscitant là aussi la crainte d'un accident.
Depuis, Russes et Ukrainiens s'accusent régulièrement de mettre en danger le site de Zaporijjia, sous occupation russe, et de faire courir le risque d'une catastrophe nucléaire. Une équipe de l'AIEA est sur place. Mercredi, Moscou et Kiev se sont encore mutuellement accusées d'attaques qui ont empêché la rotation du personnel de l'AIEA à la centrale de Zaporijjia. (jah/afp)