A 16 heures, heure officielle du début de la manifestation, une foule dense était déjà rassemblée sous une pluie fine sur plus de deux kilomètres dans le centre ville. Il y avait des dizaines de milliers de personnes au moins, arborant des drapeaux et insignes allant de la droite nationaliste à l'extrême gauche en passant par les écologistes.
«Pumpaj! Pumpaj!» (Pompe! Pompe!) chantent-ils tous, entonnant le slogan du mouvement, destiné à montrer que leur énergie ne faiblira pas. Beaucoup arborent un pin's avec une main ensanglantée – le symbole du mouvement qui a adopté comme mot d'ordre «la corruption tue».
Des groupes de motards, de vétérans et le service d'ordre des étudiants, qui assurent depuis le début la sécurité du mouvement, forment un filet de sécurité autour du cortège pour éviter les débordements, en particulier au niveau du parlement et de la présidence, devant laquelle campent depuis plusieurs jours des soutiens du gouvernement.
Des dizaines de fermiers au volant de leurs tracteurs sont également arrivés en soutien aux étudiants. D'autres tracteurs, amenés par des partisans du gouvernement, ont été installés près de la présidence vendredi matin.
Les vitres des bâtiments officiels sont protégées depuis samedi matin, et des policiers anti-émeutes sont stationnés devant le parlement, la présidence, et la mairie.
Dès vendredi soir, des dizaines de milliers de personnes – 31 000 selon le ministère de l'Intérieur -, ont accueilli dans une ambiance festive les manifestants venus à pied, à vélo ou en tracteur de toute la Serbie.
Aucun chiffre officiel n'était annoncé samedi après-midi par les autorités.
Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, les étudiants ont appelé à manifester «dans le calme et de façon responsable». «L'objectif de ce mouvement n'est pas l'intrusion dans des institutions, ni d'attaquer ceux qui ne pensent pas comme nous (...). Ce mouvement ne doit pas être utilisé à mauvais escient», ont-ils écrit. Le rassemblement doit se disperser à 21h00.
Les manifestations s'enchaînent dans le pays depuis l'accident de la gare de Novi Sad le 1er novembre, qui a fait 15 morts, lorsque s'est écroulé l'auvent en béton du bâtiment tout juste rénové.
La colère a explosé, les manifestants voyant dans cet accident la preuve d'une corruption qui, selon eux, entache les institutions et les travaux publics. De semaine en semaine, le mouvement est devenu l'un des plus importants de l'histoire récente de la Serbie, avec des manifestations quotidiennes.
Mais les rassemblements se sont tendus depuis que le gouvernement a accusé les protestataires d'être payés par des agences étrangères, de préparer des actions violentes, voire une révolution, notamment lors de la mobilisation de ce samedi dans la capitale.
La situation a fait réagir l'ONU, qui a appelé les autorités serbes à ne pas «interférer indûment» dans la manifestation et à «respecter l'exercice complet des droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'expression».
Le président Aleksandar Vucic a répondu vendredi soir dans une allocution:
La télévision publique, prise à partie régulièrement par les manifestants pour sa partialité, diffusait samedi après-midi un concert de musique traditionnelle, avant une série. (ats/vz)