Le procès des parents d'un adolescent accusé d'avoir tué dix personnes, dont neuf de ses camarades de classe dans son école de Belgrade en mai, s'est ouvert à huis clos lundi dans la capitale serbe. La ville est encore marquée par cette tuerie sans précédent.
Cette attaque avait été suivie moins de 48 heures plus tard par l'assassinat de neuf personnes dans deux villages proches de la capitale par un jeune homme, formellement inculpé de meurtre lundi. Ces deux fusillades avaient ébranlé la Serbie et déclenché des manifestations massives contre le gouvernement, avec comme mot d'ordre «La Serbie contre la violence».
Encore aujourd'hui, une partie de l'école est fermée, les parents des victimes espérant en faire un mémorial.
Agé de 13 ans au moment de la fusillade, l'adolescent est pénalement non-responsable au regard de la loi serbe. Mais son père, accusé d'«acte grave contre la sécurité générale», encourt jusqu'à 12 ans de prison. Selon l'accusation, il avait formé son fils au maniement des armes, l'emmenant régulièrement dans un stand de tir.
Il est également accusé de ne pas avoir correctement sécurisé ses armes et ses munitions, ce qui a permis à son fils de prendre un pistolet 9 mm et plusieurs chargeurs. La mère, qui comparaît au côté de son mari, a été inculpée pour possession illégale de munitions.
Avec eux, sur le banc des accusés, le directeur d'un club de tir et un instructeur, soupçonnés de faux témoignages. «J'attends un procès légal et équitable, à l'issue duquel le tribunal condamnera les accusés pour les infractions pénales commises à leur encontre», a déclaré lundi le procureur général Nenad Stefanovic sur la chaîne de télévision serbe RTS.
La Serbie a le taux de possession d'armes à feu le plus élevé d'Europe, avec plus de 39 armes à feu pour 100 civils, selon le projet Small Arms Survey. Après les fusillades de mai, le président Aleksandar Vucic avait annoncé un vaste plan de «désarmement».
Selon le ministère de l'Intérieur, entre le 8 mai et le 30 juin 2023, les citoyens serbes ont remis 82 000 armes et plus de 4 200 000 munitions.
Les deux fusillades ont déclenché des manifestations antigouvernementales massives, des dizaines de milliers de personnes demandant la démission du ministre de l'Intérieur et du chef des services de renseignement, et accusant le pouvoir d'avoir instauré ou toléré un «climat de violence» en Serbie.
Les manifestants s'en sont aussi régulièrement pris aux chaînes de télévision Pink et Happy TV, proches du pouvoir, qui diffusent nombre de programmes de téléréalité très violents. (ats/jch)