C'est une nouvelle boîte de Pandore qui vient de s'ouvrir dans l'affaire Epstein grâce à nos confrères américains, traduits par Libération. Le compte de messagerie électronique Yahoo du financier et criminel sexuel américain — qui a été actif surtout entre 2005 et 2008 — contient des milliers de messages.
Et ça va de simples preuves d'achats sur Amazon à un fichier recensant 2’000 entrées qui renvoient à des articles de luxe, des présents divers et variés, et des transferts d’argent. Le tout pour un montant de 1,8 million de dollars.
Aussi et surtout: plus de 650 courriels prouvent la proximité intime et professionnelle de Ghislaine Maxwell, actuellement incarcérée dans une prison fédérale pour femmes, avec le défunt Epstein.
L'on y lit par exemple qu’elle organisait bel et bien des rencontres avec des personnalités influentes comme Sergey Brin (Google) ou Douglas Band (proche de Bill Clinton), allant jusqu’à prévoir des cadeaux de luxe ou des voyages.
Au total, plus de 250 transactions ont été effectuées par Maxwell. Les présents — de pianos et voitures de luxe pour des proches fortunés, ou encore de la lingerie et du chocolat pour des victimes mineures.
Donc, non, la mondaine n'était de toute évidence pas une «simple intendante» et ex-compagne d'Epstein dans cette affaire — contrairement à ce qu'elle continue de clamer, malgré le verdict la condamnant à 20 ans de prison pour son rôle dans le réseau d’exploitation sexuelle.
Maxwell a par ailleurs toujours affirmé que ses liens avec Epstein s’étaient distendus après 2003, et qu’elle ignorait tout de son système d’abus. Or, Bloomberg relève qu’en 2008 encore, elle discutait de sa stratégie judiciaire et gérait ses affaires personnelles, de la vente d’un appartement parisien à celle d’un hélicoptère.
Les courriels décrivent aussi le recrutement de jeunes filles, parfois via des étudiantes incitées à «amener des amies». Certains messages mentionnent directement les prénoms et âges de futures victimes.
On y trouve par exemple l’invitation à recevoir une étudiante russe de 19 ans, «qui connaît beaucoup de filles à Brooklyn» et à qui l’on promet qu’elle pourra «être récompensée» si elle recrute des amies.
Dès 2014, alors qu’elle était elle-même dans le viseur de la justice, Maxwell continue d’échanger avec Epstein, cherchant notamment à discréditer Virginia Giuffre, l’une des principales plaignantes.
Le nom de Donald Trump n’apparaît que de manière anecdotique dans les méandres du compte Yahoo. À rappeler que les deux hommes étaient publiquement brouillés depuis 2004, à la suite d'une querelle quant à une grosse transaction immobilière.
dg