C'est une nouvelle salve imposante de documents relatifs au financier Jeffrey Epstein que la commission de surveillance de la Chambre des représentants vient tout juste de révéler, il y a quelques heures. Au milieu des dizaines de milliers de pages, courriels, enregistrements audio et vidéo: une petite minute. Peut-être la plus importante.
Celle, manquante, de la vidéosurveillance à l'extérieur du bloc cellulaire du Metropolitan Correctional Center, entre 11h58min59s, le 9 août 2019, et minuit tapant, le 10 août. Là où, quelques heures plus tard, le corps de Jeffrey Epstein sera retrouvé pendu.
Un trou d'autant plus «suspect» que l'administration Trump s'est emmêlé les pinceaux dans ses explications.
En juillet, lorsque le ministère de la Justice et le FBI ont publié initialement près de 11 heures de vidéosurveillance, la procureure générale Pam Bondi a alors argué que les caméras de sécurité s'éteignaient automatiquement pendant une minute, chaque nuit, dans le cadre d'une réinitialisation du système.
Une hypothèse contestée par experts en criminalistique numérique de Fox News, qui ont découvert que le clip dévoilé en juillet 2025 avait été découpé à partir d'au moins deux segments vidéo distincts, avant d'être assemblé à l'aide d'Adobe Premiere Pro.
On ne sait pas exactement pourquoi les images ont disparu, mais la minute manquante dans la vidéo originale ne révèle, en tout cas, aucune action à l'intérieur du bloc pénitentiaire. A l'exception de gardes travaillant près de la cellule, personne n'est entré ou sorti de la zone où le financier était détenu, dans l'attente de son procès pour trafic sexuel.
Une information qui est loin de satisfaire les dizaines de législateurs, tous partis confondus, qui font pression pour que l'administration Trump fasse preuve de davantage de transparence sur ce dossier et publie l'intégralité des fichiers Epstein.
Robert Garcia, démocrate de haut rang qui fait partie du comité de surveillance, a regretté que la vaste majorité de ces documents aient déjà été publics.
«Il n'y a aucune mention d'une quelconque liste de clients ni de quoi que ce soit qui améliore la transparence ou la justice pour les victimes», s'est insurgé le représentant, dans la foulée de la publication des nouveaux documents mardi. «Les 33 000 pages de documents Epstein que James Comer a décidé de "publier" étaient déjà pour la plupart des informations publiques.»
Le républicain Thomas Massie, qui attaque régulièrement Donald Trump, a de son côté suggéré que le président s'était peut-être montré «sélectif» quant aux dossiers Epstein publiés, afin de protéger ses amis. «Je ne pense pas qu'il ait commis quoi que ce soit de criminel», a-t-il déclaré mardi sur MSNBC.
Pas faute pour Donald Trump et son gouvernement de multiplier les initiatives pour tenter d'apaiser la polémique Jeffrey Epstein, qui l'oppose jusqu'à sa base.
Son ancien avocat personnel, Todd Blanche, devenu haut responsable au ministère de la Justice, a interrogé à la fin juillet la complice et compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwel. Dans le verbatim de cet entretien, publié à la fin août, elle affirme notamment n'avoir «jamais» observé d'attitude inappropriée de Donald Trump avec son entourage.
L'ancienne mondaine britannique a indiqué en outre à Todd Blanche ne pas croire que Jeffrey Epstein s'est suicidé - sans vouloir spéculer sur l'identité de la personne responsable. Elle affirme également que son ancien compagnon ne conservait pas de «liste de clients» et ne pas avoir connaissance d'un quelconque chantage à l'égard de personnalités importantes.
Une semaine après l'entretien, elle a été transférée dans une prison du Texas au régime de sécurité moins strict. De quoi donner de l'eau au moulin des théoriciens du complot comme des adversaires politiques de Donald Trump, qui ne sont pas près de lâcher le morceau.