La Suède mettra à disposition jusqu'à trois navires de guerre et un avion pour surveiller les infrastructures essentielles en mer Baltique et la «flotte fantôme» de la Russie, a annoncé dimanche son premier ministre. Cette décision fait suite aux récentes ruptures de câbles sous-marins.
«Le gouvernement (suédois) a demandé aux forces armées suédoises de fournir jusqu'à trois navires de guerre et un avion de surveillance aérienne et maritime, l'ASC890», a déclaré le premier ministre Ulf Kristersson.
Les dirigeants des pays de l'Otan riverains de la mer Baltique se réuniront mardi à Helsinki pour discuter de la sécurité dans la région, avec la présence attendue du secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte.
La réunion portera sur le «renforcement de la présence de l'Otan en mer Baltique et la réponse à la menace posée par la flotte fantôme de la Russie», a expliqué la semaine dernière le président finlandais Alexander Stubb.
La Finlande a déclaré que l'Otan enverrait deux navires, tandis que la Force expéditionnaire conjointe (JEF) dirigée par le Royaume-Uni, qui comprend les Etats nordiques et baltes ainsi que les Pays-Bas, avait annoncé lundi qu'elle renforcerait sa surveillance des infrastructures sous-marines en mer Baltique.
Le Premier ministre Ulf Kristersson a affirmé dimanche que son pays n'était «pas en guerre» mais ne traversait pas une période de paix non plus. Il évoque des attaques hybrides et une guerre par procuration menée sur son sol.
«La Suède n'est pas en guerre, mais il n'y a pas de paix non plus. La véritable paix, c'est la liberté et l'absence de conflits sérieux entre les pays», a-t-il déclaré lors du Forum annuel de défense Folk och, à Salen, dans le centre de la Suède.
«Cette situation sécuritaire et le fait que des choses étranges continuent à se produire dans la Baltique nous conduisent à penser que les intentions hostiles ne peuvent être ignorées», a également estimé le responsable.
Plusieurs câbles électriques et de télécommunications ont été endommagés dans la Baltique ces derniers mois.
Ces dégradations, ciblant les infrastructures énergétiques et de communication, s'inscrivent, selon des experts et responsables politiques, dans le contexte d'une «guerre hybride» menée par Moscou contre les pays occidentaux, dans ce vaste espace maritime bordé par plusieurs membres de l'Otan et par la Russie.
L'Eagle S, battant pavillon des îles Cook, un pétrolier soupçonné d'appartenir à la «flotte fantôme» russe et d'avoir endommagé le 25 décembre un câble électrique et quatre câbles de télécommunications entre la Finlande et l'Estonie vient d'être interdit de navigation.
La Suède et la Finlande, qui ont récemment rejoint l'Otan, sont particulièrement attentives aux incidents récurrents en mer Baltique, où la tension est montée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
Un vraquier battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, est aussi dans le viseur de la justice suédoise dans l'enquête sur la rupture les 17 et 18 novembre de deux câbles de télécommunications dans les eaux suédoises.
Le Premier ministre suédois n'a pointé du doigt la responsabilité d'aucun pays concernant les câbles endommagés, lors de son allocution.
Mais parlant plus généralement des attaques hybrides dans la région il a déclaré:
Le gouvernement suédois «prend au sérieux» cette situation, estimant que le pays vivait «à une époque de guerre par procuration».
«L'Iran recourt à des gangs criminels organisés pour (nous) porter de sérieuses attaques par procuration», a-t-il aussi affirmé. Fin mai, l'agence de renseignement suédoise Säpo avait accusé l'Iran de recruter des membres de gangs criminels suédois pour commettre des «actes de violence» contre des intérêts israéliens et autres en Suède, ce que l'Iran a démenti. (tib/ats)