Pas si joyeuses Pâques. A défaut de rouler des mécaniques en terrasse, on roulera des œufs, mais en petit comité masqué. Car attention, il est toujours là, au coin du bois, prêt à frapper, plus en forme que jamais. SARS-CoV-2, désormais requinqué sous pseudo B.1.1.7, alias le «variant anglais», prépare le troisième service. On a une préférence pour la vague de Hokusai, mais personne n'a parlé de choisir.
Oui. Après les tests en laboratoire au tout début de l’épidémie, après les études réelles à grande échelle (avril-novembre 2020), la vaccination des populations a démarré juste avant Noël. Et en Israël, pays le plus avancé dans le processus, on note un très net recul des infections au Covid-19, dans toutes les tranches d’âge.
En clair, non seulement le vaccin protège, mais prévient de surcroît la forme grave de la maladie, ce qui a le potentiel de la rendre inoffensive quand la majorité des populations seront vaccinées. Rappelons ici brièvement l’efficacité des principaux vaccins:
Les données manquent toujours, même si les signes initiaux (en Israël par exemple) sont plutôt encourageants – mais pas encore validés scientifiquement. Les vaccins confèrent deux types de protection. L’immunité effective protège contre les principaux symptômes d'une maladie, mais n'empêche pas le virus d'entrer dans l'organisme et de s'y multiplier. Alors que l'immunité stérilisante prévient l'infection de l'organisme par le virus et empêche la propagation du pathogène.
La seconde est bien entendu le Graal de la recherche, mais on ne l’atteint presque jamais. Le seul cas connu de vaccin stérilisant ayant éradiqué totalement une maladie est celui de la variole. L'injection contre la rougeole provoque aussi une immunité stérilisante. Mais la plupart des vaccins courants (hépatite B, oreillons, grippe, fièvre jaune) ne procurent qu'une immunité effective.
Alors faut-il vacciner en masse contre le Covid-19 sans savoir si le vaccin empêche la transmission? Oui, selon le scientifique Richard Bailey, auteur d'une modélisation sur le virus de Marek chez les poulets. «La vaccination avec un vaccin non stérilisant réduit considérablement la charge virale chez les personnes vaccinées, mais aussi chez les personnes contacts non vaccinées qu'elles infectent. Par conséquent, elles sont moins susceptibles de répandre des virus infectieux. Même une vaccination partielle a des conséquences positives sur le contrôle de la propagation et des symptômes de la maladie».
L’immunité stérilisante est acquise quand le vaccin engendre assez d’anticorps neutralisants chez l’individu. Ces anticorps bloquent l’entrée du virus dans la cellule et l’empêchent de se multiplier. Il existe d’autres formes d’immunité acquise, comme celle des lymphocytes T ou des anticorps non neutralisants, qui ralentissent la progression du virus et préviennent les principaux symptômes.
C'est plus compliqué. Comme pour le Sida, comme pour Ebola, deux maladies pour lesquelles il n'existe pas encore de vaccin ou de cure définitive, le deux vont de pair.
Parce que le pays n’a jamais été réputé pour sa célérité, et qu'il est trop prudent. Parce qu’il n’a pas reçu les doses en premier. Rien n'est si grave. Reprenons.
Pourquoi la Task force n’a-t-elle jamais commandé d’études randomisées contrôlées sur l’efficacité des mesures non médicamenteuses, comme le port du masque? Parce qu'elle ne se pose pas la question:
La distanciation physique (partant, le semi-confinement et la mise en quarantaine) est aussi considérée comme efficace. Pour arriver à ces conclusions, la Task force évoque notamment une méta-analyse basée sur 44 publications scientifiques parue en juin 2020 dans la revue médicale The Lancet.
Mais pourquoi la Task force n’a pas elle-même commandé des études pour appuyer (ou pas) scientifiquement ces mesures et, peut-être, améliorer leur acceptabilité par la population? Elle répond en affirmant s’appuyer non seulement sur des études scientifiques internationales comme celle précitée, mais aussi «sur d'autres sources, par exemple des études dans le cadre de projets de recherche (CoronaImmunitas), l'Institut suisse de recherches conjoncturelles (KOF) ou des données du secteur de la santé».
Chez watson, on a l'esprit tourmenté, mais on anticipe. Alors on s'est demandé ça:
C'était il y a treize mois et la Confédération était à la ramasse. Les stocks de matériels médicaux manquaient, à commencer par les fameux respirateurs. Avec empressement, l’armée a acheté 1700 appareils, dont la moitié n’a jamais servi. La situation semble être aujourd’hui stabilisée. Mais alors que nous sommes visiblement entrés dans «l'ère des pandémies» selon les services de l'ONU, la Suisse est-elle prête ?
A cette question, l’OFSP répond que:
Attention, ce n'est pas terminé: «Mais ça ne concerne pas les autres produits que vous mentionnez et ce n’est pas lié uniquement à la crise sanitaire. Ce problème est connu depuis plusieurs années», poursuit l’OFSP. Ce n'est pas une petite pandémie planétaire bien mortelle qui va changer de bonnes vieilles habitudes.
Si la stratégie de la Confédération est celle de la réponse immédiate à l’urgence, sans remise en question globale du financement de notre système de santé, que fera-t-on lorsque d’autres virus feront leur apparition?
Il faut distinguer les deux temporalités. Il y a d’un côté la réponse à l’urgence de la pandémie, basée notamment sur les chiffres agrégés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les recommandations de la Task force de la Confédération ou encore les avis récoltés ici et là lors des consultations. De l’autre, il y a la question du système de santé et des défis auxquels il fait face depuis bien avant la pandémie.
La stratégie 2020-2030 du Conseil fédéral en matière de politique de la santé a été approuvée le 6 décembre 2019, soit peu avant la crise. Cette dernière a-t-elle engendré des modifications? «Pas pour l’instant», répond l’OFSP par la voix de son porte-parole Grégoire Gogniat. «Le cas échéant, c’est au Conseil fédéral de l’adapter s’il le souhaite. Il faut noter que les enjeux décrits dans la stratégie restent actuels malgré la crise», ajoute-t-il, évoquant la numérisation, l’évolution démographique ou encore le financement du système de santé.
On l’entend sans cesse: il faut apprendre à vivre avec le coronavirus et les mesures de lutte contre la pandémie ne pourront pas vraiment être assouplies avant que la vaccination de la population soit presque terminée. Interrogé à ce propos dans Le Temps il y a un mois, le conseiller fédéral Alain Berset s’est voulu rassurant, soulignant que nous sommes des êtres sociaux qui «avons tous besoin de proximité».
Toutefois, l’homme au front de la pandémie depuis le début reconnaît que plusieurs réflexes pris depuis le début de la crise resteront immanquablement. «Certains éléments vont rester. Je pense par exemple que, en période de grippe, les gens porteront plus facilement un masque». Alors, qu'en pense l'aréopage de scientifiques qui conseille le fédéral Conseil? Un avenir masqué, ou démasqué?
Comme nous le savons tous, ce n'est pas encore terminé hélas mille fois hélas. La météo est incertaine: une embellie n'est pas exclue, de nouveaux orages non plus. Alors plutôt que de nous houspiller sur telle ou telle décision politique/sanitaire/sécuritaire/philosophique/d'ouverture ou non de ces si belles terrasses, soumettez-nous vos doutes ou vos interrogations, nous essayerons d'y répondre le plus concrètement possible.
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