A ceux qui pensaient qu'il suffisait de taper sur son clavier «Ctrl+shift+N» ou «Cmd+Maj+N» pour préserver son anonymat sur la Toile, détrompez-vous. D'après un article de CNN publié mardi 26 juillet, ces raccourcis menant à une navigation web en mode privée présente, en réalité, nombre de subtilités dont peu d'utilisateurs semblent encore être au fait.
«Cliquer sur l'option de navigation dite "privée" pourrait ne pas vous protéger autant que vous le pensez», peut-on lire dans la chaîne d'informations américaine qui est revenue sur des tendances de recherche de plus en plus élevées à propos de l'avortement, alors que ce droit a été révoqué fin juin par la Cour suprême des Etats-Unis.
Pour proposer des solutions plus sécurisantes, CNN s'est basée sur les affirmations de plusieurs experts de la confidentialité informatique, dont Albert Fox Cahn, spécialiste des technologies de surveillance à l'Université de York, aux Etats-Unis, qui s'est entretenu avec le média. Voici un condensé des informations dévoilées.
Aussi appelée «private browsing» pour les anglophones, la navigation privée proposée par de nombreux navigateurs Web tels que Chrome, Safari et Firefox permet de surfer sur internet sans que les données de visite de l'utilisateur, comme l'historique ou les cookies, soient conservées. Comme il est indiqué dans l'article de CNN:
En clair, la fonctionnalité peut particulièrement aider dans le cas où l'on utilise un appareil partagé ou emprunté. Les publicités ne peuvent par ailleurs pas cibler les utilisateurs. Toutefois, la navigation privée ne permet pas de surfer sur le Net de manière totalement incognito.
Lorsqu'un utilisateur surfe sur internet, les données liées aux pages visitée sont stockées à deux endroits: sur l'ordinateur local et par les sites parcourus. Dans le cas où la navigation privée est activée, ces données ne sont pas préservées sur l'appareil de l'utilisateur lorsque celui-ci ferme sa session. En revanche, elles seront enregistrées par les sites visités, même après que la session ait été fermée.
L'activation de la navigation privée n'est, par ailleurs, d'aucune utilité face à un ordinateur doté d'un logiciel de surveillance. Ce type de programme souvent exploité par les autorités ou les pirates informatiques permet alors de retracer tout ce que l'utilisateur a pu faire sur le Net.
Les utilisateurs doivent également garder à l'esprit que le pseudo-anonymat offert par cette fonction n'agit que dans le cadre des pages internet. Si un utilisateur ouvre une application, la navigation privée ne garantira aucune discrétion.
Au-delà de l'activation des modes de navigation privée et de la sélection des options de confidentialité supplémentaires proposées par les entreprises dans leurs paramètres, les utilisateurs peuvent prendre d'autres mesures pour essayer de maximiser la confidentialité numérique.
Bloquer le suivi des cookies peut être une première idée, comme le suggère le site spécialisé Cookiebot. Pour ce faire, il suffit de refuser le suivi lorsque le site internet d'une page le demande. Il est également possible de le faire depuis les paramètres du moteur de recherche utilisé. Néanmoins, une telle manipulation comprend de hauts risques d'empêcher l'utilisateur de poursuivre sa navigation de la page de manière fluide.
Un VPN peut alors être une autre alternative. Ce réseau privé virtuel dissimule l'adresse IP de l'utilisateur, rendant ainsi celui-ci totalement anonyme tant pour l'appareil local que du point de vue des sites visités. Toutefois, l'entreprise gérant le VPN pourra toujours avoir accès à la navigation de l'utilisateur, si l'on en croit Fox Cahn sur CNN:
Les internautes peuvent alors tenter de se tourner vers un navigateur comme Tor. Ce réseau informatique sécurisé et anonyme utilise plusieurs serveurs intermédiaires pour empêcher tout type de serveur de suivre l'activité de l'utilisateur.
Ce qu'il reste, du moins, impératif de souligner, c'est que l'activité en ligne n'est fondamentalement jamais privée. Comme il est rappelé dans CNN, quel que soit les paramètres des navigateurs, la suppression de l'historique de navigation ou du suivi des cookies, qui peut certes rendre l'accès à ces données plus difficile pour les tiers, ne rend toutefois aucunement impossible la récupération de telles informations, notamment à l'aide de certains outils ou mandats médico-légaux. (mndl)