Neuralink, l'une des nombreuses sociétés d'Elon Musk, avait rédigé un joli tweet au mois de mai, pour annoncer que les autorités sanitaires américaines avaient validé le lancement d'expériences sur des hommes.
We are excited to share that we have received the FDA’s approval to launch our first-in-human clinical study!
— Neuralink (@neuralink) May 25, 2023
This is the result of incredible work by the Neuralink team in close collaboration with the FDA and represents an important first step that will one day allow our…
Reliée au cerveau, la puce en question serait capable de décoder les signaux neuronaux. Musk expliquait que «les gens qui n’ont pas la possibilité de bouger leurs muscles pourraient ainsi contrôler leur téléphone plus rapidement que quelqu’un qui utiliserait ses mains».
Cette prouesse technologique permettrait même de soigner les lésions de la moelle épinière, et donc les personnes tétraplégiques. Mais aussi des maladies comme Parkinson ou Alzheimer.
Après les plus folles ambitions, c'est le scandale. Quelques mois plus tard, les animaux cobayes utilisés pour la mise en place d'implants au cerveau sont morts, dénonce le Comité des praticiens pour une médecine responsable (Pcrm), une organisation américaine à but non lucratif.
Cette semaine, Wired en a remis une couche avec une nouvelle enquête approfondie. Par le passé, Elon Musk a déjà repoussé les accusations de maltraitance animale en assurant que les primates étaient en phase terminale et précisant qu'aucun d'entre eux n'a péri à cause des implants cérébraux de la société de biotechnologie.
Or, selon les informations de Wired, les données relatent plus d'une douzaine de singes euthanasiés après avoir reçu un implant Neuralink. Les conclusions font état notamment de gonflements du cerveau et de paralysies partielles.
En décembre 2019, une partie interne de l’implant cérébral inséré dans le primate «Animal 20» s’est «cassée» lors d’une intervention chirurgicale. Plus tard dans la nuit, le singe a gratté le site de l'implant, faisant couler du sang, et a tiré sur l'implant, le délogeant partiellement. Une intervention chirurgicale de suivi a révélé que la plaie était infectée, mais que la pose de l'implant empêchait le traitement. Le singe a été euthanasié le mois suivant.
L'implant cérébral implanté dans une singe femelle, surnommée «Animal 15», lui a aussi provoqué de grosses démangeaisons. Comme le premier exemple susmentionné, l'animal s'est gratté jusqu'au sang, provoquant une infection. Les scientifiques ont découvert qu’elle souffrait d’une hémorragie cérébrale et, en mars 2019, elle a également été euthanasiée.
En 2020, un autre cobaye surnommé «Animal 22» a dû être endormi. L'implant cérébral s'était desserré et les vis qui le fixaient au crâne «pouvaient facilement être retirées», selon les conclusions d'un rapport d'autopsie.
Toujours selon les informations de Wired, «l'échec de cet implant peut être considéré comme purement mécanique et non exacerbé par une infection».
Les expériences de Neuralink sur des singes ont duré de septembre 2017 jusqu'à fin 2020. Elles ont été réalisées conjointement avec du personnel du California National Primate Research Center (CNPRC), un centre de biorecherche financé par le gouvernement.
Comme le note le magazine américain, ces déclarations démontent les affirmations de Musk. Le multi-entrepreneur s'était défendu sur X (ex-Twitter), clamant «qu'aucun singe n'est mort directement à cause des implants cérébraux Neuralink».
Un ancien employé de Neuralink, interrogé par Wired, balaie les propos tenus par le milliardaire, qu'il qualifie de «ridicules», voire de «pure invention».
Les personnes interrogées assurent qu'ils ont côtoyé ces singes «pendant environ un an avant toute intervention chirurgicale» afin de les préparer avant l'intervention. Il ne pouvait pas s'agir de sujets mourants, selon eux.
La Securities and Exchange Commission (Sec) a été alerté par la Physicians Committee for Responsible Medicine, une organisation à but non lucratif qui milite pour l'abolition des tests sur les animaux vivants.
Si la Sec décide de se pencher sur le cas Neuralink, la société fera face à une troisième enquête fédérale. Déjà en décembre 2022, Reuters révélait que l'entreprise faisait l'objet d'une enquête pour violations potentielles du bien-être animal. Selon des rapports vétérinaires de l’expérimentation, 16 des 23 singes de l’expérience sont morts dans des «souffrances extrêmes». Plusieurs employés se plaignaient que les tests étaient précipités.
La deuxième enquête, datant de février et ouverte par le ministère américain des Transports, portait sur des transports dangereux d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques.
Outre ces enquêtes fédérales, début 2022, la Food and Drugs administration (Fda) avait refusé à Neuralink l'autorisation de mener des essais cliniques. Mais l'intrépide Elon Musk a toutefois reçu le feu vert d'un comité d'examen indépendant pour commencer le recrutement pour le premier essai humain de son implant cérébral destiné aux patients paralysés.
Neuralink a annoncé que «l'étude utilisera un robot pour placer chirurgicalement un implant d'interface cerveau-ordinateur (Bci) dans une région du cerveau qui contrôle l'intention de bouger». Mais après de telles révélations, les ambitions d'Elon Musk seront peut-être freinées par les autorités fédérales. (svp)