Une foule monstre a déferlé vendredi soir vers l'hôtel de ville d'Istanbul pour dénoncer l'arrestation du maire d'opposition, Ekrem Imamoglu, qui suscite une mobilisation inédite à travers la Turquie depuis une vague de contestation qui a secoué le pays en 2013.
«Nous sommes ici avec 300 000 personnes», a clamé devant l'hôtel de ville d'Istanbul Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation d'opposition dont est issu M. Imamoglu.
Selon l'outil en ligne de comptage de foule Mapchecking, au moins plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont pressées aux abords immédiats du siège de la municipalité.
La fermeture de ponts et de plusieurs voies d'accès décidée par les autorités ont selon lui empêché nombre de manifestants de rejoindre le site pour la troisième nuit consécutive, en dépit des avertissements du président Recep Tayyip Erdogan qui a juré de ne pas céder à la «terreur de la rue».
«Ne te tais pas sinon ce sera bientôt ton tour!», ont chanté les manifestants, brandissant des pancartes «N'ayez pas peur, le peuple est là» et «Droit, loi, justice».
«Nous ne donnerons pas notre aval à ce coup d'Etat judiciaire», a lancé Özgür Özel, alors que le CHP s'apprêtait à désigner dimanche Ekrem Imamoglu comme son candidat à la prochaine élection présidentielle.
Accusé de «corruption» et de «terrorisme», le maire a été auditionné plusieurs heures vendredi selon son entourage. Il devrait être présenté samedi soir à un juge, selon des médias turcs.
Lors de sa déposition, le maire d'Istanbul a affirmé n'«avoir commis aucun crime», selon des propos rapportés par des médias proches de l'opposition.
Des appels à manifester avaient été lancés dans plus de 45 villes à travers le pays et des incidents ont éclaté à Istanbul, Ankara et Izmir, troisième ville du pays où comme dans la capitale la police a fait usage de canons à eau. (ats)