A la veille de la conférence de Lugano (TI), l'armée ukrainienne a confirmé dimanche soir son retrait de Lyssytchansk. Moscou avait annoncé un peu plus tôt la prise de cette ville stratégique de l'est de l'Ukraine, affirmant contrôler désormais toute la région de Lougansk.
Dans la matinée, le ministère russe de la Défense avait annoncé que l'armée russe et ses alliés séparatistes avaient pris «le contrôle complet de Lyssytchansk et d'autres villes proches»:
Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, avait quant à lui affirmé que Lyssytchansk «est en feu». Selon lui, l'assaut russe a été beaucoup plus violent que sur la ville jumelle de Severodonetsk, tombée fin juin.
Elle permet à Moscou de progresser dans son plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin industriel de l'est de l'Ukraine largement russophone et en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.
L'armée russe pourra ainsi avancer vers Sloviansk et Kramatorsk, deux villes majeures plus à l'ouest, touchées dimanche par des tirs de roquettes. Des frappes russes ont touché plusieurs quartiers de Sloviansk, selon le maire de cette ville de 100 000 habitants avant la guerre, qui a fait état de «6 morts et 15 blessés».
Une porte-parole de la région de Donetsk a réitéré l'appel aux habitants pour qu'ils quittent la région, alors que la ligne de front n'est plus qu'à quelques kilomètres de Sloviansk.
Siversk, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Lyssytchansk, pourrait être la prochaine bataille. Les forces ukrainiennes semblent vouloir s'appuyer sur une ligne de défense entre cette ville et Bakhmout, afin de protéger Sloviansk et Kramatorsk, deux villes à haute valeur symbolique.
Siversk a été pilonnée dans la nuit, selon des habitants et un responsable local:
A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, dans le nord-est, les habitants ont été réveillés une nouvelle fois à 4 heures «par des attaques de roquettes» russes, selon le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, qui a également fait état de «tirs» dans la matinée sur plusieurs districts.
A Melitopol, une ville occupée par les forces de Moscou, l'armée ukrainienne a «mis hors service» dans la nuit de samedi à dimanche une base militaire russe, selon le maire en exil de la commune, Ivan Fedorov.
L'armée russe a également affirmé avoir abattu dimanche à l'aube «trois missiles (ukrainiens) Totchka-U à sous-munitions» lancés contre la ville de Belgorod, proche de la frontière avec l'Ukraine. Un responsable local avait auparavant annoncé la mort d'au moins quatre personnes après des explosions.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février, Moscou a accusé Kiev à plusieurs reprises d'avoir frappé le sol russe, en particulier dans la région de Belgorod.
Dans un entretien accordé dimanche à la télévision allemande ARD, le chancelier Olaf Scholz a déclaré qu'une «capitulation sans condition» de l'Ukraine, comme l'exige Vladimir Poutine, ou «une paix imposée» à l'Ukraine n'était pas acceptable:
Par ailleurs, dans un message vidéo samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénombré «2610» villes et villages «sous occupation russe»:
La question de la reconstruction du pays doit être au cœur de la conférence de Lugano lundi et mardi. Zelensky ne sera pas physiquement présent au Tessin. Mais son premier ministre Denys Chmygal a atterri dimanche à Agno (TI), où il a été accueilli par le président de la Confédération Ignazio Cassis. Il dirige une délégation officielle de plus de 60 personnes, dont plusieurs ministres. S'ajoute aussi une quinzaine de parlementaires.
Le dirigeant ukrainien a par ailleurs rencontré dimanche le premier ministre australien Anthony Albanese, qui a promis d'augmenter de 100 millions de dollars (sans préciser s'ils étaient australiens ou américains) son soutien militaire à l'Ukraine avec notamment la livraison de nouveaux véhicules blindés.
L'Australien a également affirmé que Vladimir Poutine recevrait «l'accueil qu'il mérite» s'il participe au sommet du G20 en novembre à Bali, en Indonésie. Cet accueil «n'est pas celui d'un ami, de quelqu'un qui respecte l'état de droit international», a-t-il lancé. (ats/jch)