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Ukraine: «Cette mère et sa fille ont vécu un enfer»

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Une Ukrainienne passe devant des chars russes détruits dans la ville de Bucha, Ukraine, le 3 avril 2022 (photo d'illustration)Image: EPA

Boutcha: «Cette mère et sa fille ont vécu un enfer inimaginable»

Le journaliste allemand Markus Lanz s'est rendu en Ukraine pour un reportage. Les survivants de l'horreur russe se sont confiés à lui.
07.10.2023, 12:0107.10.2023, 12:01
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Markus Lanz rapporte des témoignages bouleversants depuis l'Ukraine. Le présentateur de la chaîne de télévision ZDF s'y est rendu pour un reportage télévisé. Dans le podcast Lanz&Precht, il raconte, depuis Kiev, les premières rencontres qui lui ont «brisé le cœur».

Le courage de Natalia

Markus Lanz raconte avoir vu Natalia et sa fille de douze ans à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine. «Cette histoire m'a complètement bouleversé», raconte-t-il.

«Natalia a ouvert la porte et j'ai vu trois prothèses: une sur sa jambe gauche et deux sur les jambes de sa fille»

Elles étaient allées chercher leur grand-mère à la gare, et sur le chemin du retour, elles ont été victimes d'une attaque aérienne russe.

«Elles ont tourné au coin de la rue et soudain, tout a explosé. Et quand elles se sont réveillées, la grand-mère était morte au-dessus de la fillette qui avait perdu ses jambes. La mère s'est réveillée et s'est rendu compte qu'il lui manquait aussi une jambe. Commençait alors un incroyable calvaire».

Après les premiers soins en urgence, la mère et la fille ont finalement été prises en charge par des spécialistes des prothèses aux Etats-Unis: «Au début, des douleurs folles, puis elles se sont habituées. Désormais, elles bougent à peu près normalement et pourtant, c'était tellement bouleversant.» Le journaliste poursuit:

«Une jeune fille qui a sa vie devant elle, assise là avec deux prothèses, ça vous déchire le cœur»

De plus, la mère Natalia n'a pas seulement perdu sa mère, son mari est mort en mission de guerre contre la Russie et son ex-mari d'un cancer. «Cette femme a vécu un enfer inimaginable en très peu de temps, à tel point que vous vous demandez comment un être humain peut supporter cela, mais d'une manière ou d'une autre, la vie continue».

Les horreurs de Boutcha

L'histoire d'un jeune de Boutcha, que Lanz a abordé alors qu'il circulait en mobylette avec un ami, est également oppressante. Dans cette banlieue de Kiev, les soldats russes avaient torturé et assassiné près de 500 personnes en avril 2022. L'endroit est devenu le symbole de la cruauté de l'invasion russe.

«J'en ai encore la chair de poule, il a raconté dans les moindres détails comment il avait vécu cela»

«Comment ils se sont barricadés dans la cave et se sont convaincus que si les ennemis entraient par la porte, ils les tueraient tous. Avec un fusil de chasse et quelques couteaux, ils espéraient pouvoir résister d'une manière ou d'une autre à des tueurs armés jusqu'aux dents».

A neighbor comforts Natalya, whose husband and nephew were killed by Russian forces, as she cries in her garden in Bucha, Ukraine, Monday, April 4, 2022. Russia faced a fresh wave of condemnation on M ...
Une voisine réconforte son amie, dont le mari et le neveu ont été tués par les forces russes, alors qu'elle pleure dans son jardin à Bucha, en Ukraine, le lundi 4 avril 2022 (photo d'illustration)Image: AP

Par chance, la maison de la famille se trouvait un peu à l'écart, à la lisière de la forêt, de sorte qu'ils ont été eux-mêmes épargnés par les occupants. «Mais ce garçon a vu tous ces morts, ces gens qui ont tous été simplement exécutés par ces animaux, on ne peut pas le dire autrement», poursuit Lanz.

«On ne peut pas s'imaginer cette volonté de violence, et sur le visage de ce garçon, on voit avec quelle force l'horreur a fait irruption dans la vie des gens là-bas»

Au cours de son voyage, Markus Lanz rapporte aussi des impressions positives. Il y a par exemple ce couple d'amoureux qui veut maintenant plus que jamais se marier et fonder une famille, malgré le fait que l'homme pourrait décéder sur le champ de bataille. «On roule longtemps en Ukraine, c'est un pays immense, et vous voyez qu'à chaque coin de rue, des maisons sont construites, des restaurants sont fréquentés, des enfants naissent. Continuer à vivre est pratiquement un acte patriotique», explique le journaliste.

Lui et son équipe de tournage veulent maintenant poursuivre leur voyage en direction de Mykolaïv et Kherson, dans le sud de l'Ukraine.

«Nous ne savons pas encore si nous pourrons nous y approcher car le front traverse la ville»

(Traduit et adapté par Nicolas Varin)

La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
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La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
Faces of war pour le New York Times.
source: alexander chekmenev
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Deux Ukrainiens sur trois ont perdu un proche et ce n'est pas le pire
Video: facebook
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