L'Ukraine a affirmé mercredi avoir repris plusieurs localités aux Russes dans le sud du pays, après avoir essuyé lundi et mardi des salves «massives» de missiles, roquettes et drones visant en particulier son infrastructure énergétique civile.
Le président russe Vladimir Poutine a présenté ces frappes comme des représailles à l'attaque à l'explosif qui a endommagé le pont de Crimée et qu'il impute à Kiev.
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a d'ores et déjà salué «une nouvelle ère de la défense aérienne» avec l'arrivée du système «Iris-T d'Allemagne» et la livraison prochaine de «NASAMS américains».
Participant à une réunion de l'Otan sur la base militaire américaine de Ramstein en Allemagne, il s'est dit «optimiste» quant à d'autres annonces.
A son arrivée au siège de l'Otan à Bruxelles, le ministre ukrainien de la Défense n'a prononcé que quelques mots, résumant laconiquement le sujet du jour: «Systèmes de défense antiaérienne».
Mardi, en réunion virtuelle avec le G7, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait réclamé de l'aide pour créer un «bouclier aérien», prévenant que Poutine avait «encore les moyens d'une escalade».
Dans le même temps, les 27 membres de l'Union européenne ont donné leur accord à l'organisation d'une importante mission militaire pour former les forces ukrainiennes dans plusieurs Etats membres. Quelque 15 000 militaires devraient être concernés dans un premier temps, selon deux diplomates.
De son côté, Le Kremlin a indiqué mercredi s'attendre à ce que le président turc Recep Tayyip Erdogan fasse à Vladimir Poutine une proposition concrète de médiation sur le conflit à l'occasion de leur rencontre jeudi au Kazakhstan.
En attendant, la Russie a annoncé l'arrestation de huit personnes suspectées de participation à l'attaque contre le pont de Crimée et affirmé avoir déjoué deux attentats fomentés par les services spéciaux ukrainiens sur le territoire russe.
Kiev n'a ni confirmé ni infirmé son implication dans l'explosion sur le pont reliant le territoire russe à la Crimée, mais l'Ukraine a toujours souligné qu'elle comptait reconquérir cette péninsule et l'ensemble des territoires occupés par la Russie depuis l'invasion lancée le 24 février.
Sur le front sud, dans la région de Kherson, l'une des quatre dont Moscou a revendiqué l'annexion, cinq nouvelles localités ont été reconquises, a indiqué mercredi la présidence ukrainienne, ce qui constituerait le dernier revers en date pour l'armée russe qui recule dans cette zone comme dans le nord-est et l'est depuis début septembre.
Mais elle a noté que l'artillerie russe opposait de la résistance «pour dissuader la contre-offensive tout au long de la ligne de contact».
Le ministère russe de la Défense a lui assuré avoir repoussé les Ukrainiens dans la petite poche de la région de Kharkiv (nord-est) encore sous contrôle de Moscou, dans le nord de la région de Kherson et dans les régions orientales de Donetsk et Lougansk.
L'Ukraine a de son côté indiqué qu'une frappe russe sur un marché mercredi matin dans la ville d'Avdiivka, proche de la ligne de front dans l'est, avait fait au moins sept morts.
Concernant justement Kherson, le Conseil fédéral a informé mercredi que les exportations de certains biens seront interdites vers Zaporijia et Kherson, deux des régions ukrainiennes annexées illégalement par la Russie.
Trente personnes et sept organisations ont en outre été ajoutées à la liste noire. Leurs avoirs en Suisse devront être gelés et annoncés au Secrétariat d’Etat à l’économie. Il s’agit principalement de personnes ayant joué un rôle dans les soi-disant «référendums», organisés par la Russie dans des régions ukrainiennes fin septembre.
Parmi elles figurent de hauts fonctionnaires et des militaires, ainsi que des entreprises soutenant les forces armées russes. Le Conseil fédéral décidera ultérieurement s'il reprend la totalité du 8e train de sanctions adopté par l'Union européenne.
Dans l'est, les autorités ukrainiennes ont annoncé la découverte de deux nouveaux charniers dans des villes de la région de Donetsk récemment reprises aux troupes russes.
A Lyman, noeud ferroviaire repris début octobre, une équipe médico-légale vêtue de tenues de protection a exhumé des dizaines de corps, a constaté un journaliste de l'AFP.
La Russie a été accusée de nombreuses exactions - tortures, viols, exécutions sommaires - dans les villes d'où elle s'est retirée. Moscou a systématiquement nié l'implication de ses soldats en dépit de l'accumulation des éléments de preuve.
Enfin, sur le front énergétique du conflit, le président Poutine a affirmé que la balle était «dans le camp» de l'UE pour le lancement des livraisons de gaz russe via le gazoduc Nord Stream 2 non affecté par des explosions dont s'accusent mutuellement Russes et Occidentaux. (ats/jch)