Il est 5 heures du matin, le bruit infernal des explosions retentit, les gens crient, les maisons s'effondrent. Nous sommes le 24 février 2022 et c'est le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
A l'époque, Oleksii Zadoienko, avocat de 37 ans et père de deux enfants, avait raconté à watson l'histoire de sa famille fuyant la guerre. Il voulait faire sortir ses enfants et sa femme du pays, puis revenir pour combattre. De nombreux autres Ukrainiens se battent sur le front, sont grièvement blessés puis retournent au combat une fois soignés. Tous passent pour des héros.
Mais d'autres en revanche ne veulent pas se battre. Ce n'est pas non plus qu'ils soutiennent la Russie, mais ils refusent d'aller au front. Paul Ronzheimer, journaliste au Bild, s'est entretenu avec trois d'entre eux. Voici leurs témoignages.
Lorsqu'on ne veut pas se battre pour son pays, il est parfois difficile d'argumenter. C'est ce qu'a constaté Paul Ronzheimer dans le cadre de ses recherches.
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D'ailleurs, l'Ukraine a récemment demandé à d'autres pays d'extrader les hommes en fuite. Car si on refuse de faire son service militaire, on peut être arrêté, et dans certaines circonstances être contraint d'aller au front.
Artem, un informaticien de 22 ans, explique ce choix parfois controversé:
Le jeune homme a peur d'être capturé ou torturé, et ce même s'il se trouve loin de la ligne de front. Il poursuit:
Il explique qu'il tremble et qu'il doit prendre des pilules pour se calmer. Ce qui le terrifie le plus?
S'il était arrêté dans la rue et devait rejoindre l'armée, Artem essaierait de négocier avec les soldats. Il voudrait aider avec sa tête, pas avec des armes.
Boris est un autre Ukrainien qui témoigne dans le podcast. Lui aussi est effrayé. Il est prêtre et ne veut pas se battre. Il a, cependant, été contraint de choisir entre le front ou la prison. Il a choisi la première option et raconte:
Il explique également qu'ils n'ont pas eu l'occasion de tirer. «Ils nous ont juste montré», précise-t-il. Les hommes ont ensuite été envoyés au front.
Les premiers mois, Boris était derrière la ligne de front. Mais il s'ennuyait, car il voulait se battre. Quant aux techniques de combat, il a dû tout apprendre seul. Après un an et demi, il a changé d'unité et s'est éloigné du front.
Oleksii est la troisième personne qui témoigne. Il n'imaginait jamais devoir un jour se battre. Il est pacifiste et se décrit comme un hippie. Complotiste, il estime que les méthodes utilisées par le gouvernement ukrainien ont un but précis: réduire la population masculine.
Oleksii a même déjà reçu l'avis de conscription. Il se souvient:
Depuis, il fait le mort, il n'a plus donné de ses nouvelles à l'administration. Et il ne souhaite pas revenir sur sa décision. «Beaucoup de gens sont faits pour être des combattants. Pas moi! Je suis un hippie. Peace and love.»
Traduit et adapté par Noëline Flippe et Alyssa Garcia