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Guerre en Ukraine: comment les hommes évitent les recrutements

Ukrainian servicemen carry National flags and a cross during the funeral ceremony of killed Ukrainian soldier Vadym Belov, of 3rd Assault brigade, in Polonne, Khmelnytskyi region, Ukraine, Wednesday,  ...
Des militaires ukrainiens lors de la cérémonie funéraire d'un soldat tué au front, le mercredi 13 septembre 2023. Image: Keystone

«Je suis un hippie»: ces Ukrainiens refusent de se battre

Trois Ukrainiens racontent pourquoi ils ne souhaitent pas se rendre au front, malgré les risques que comporte une telle décision. Mais parfois, ils n'ont pas le choix.
24.09.2023, 16:1824.09.2023, 16:35
Laura Czypull
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Il est 5 heures du matin, le bruit infernal des explosions retentit, les gens crient, les maisons s'effondrent. Nous sommes le 24 février 2022 et c'est le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

A l'époque, Oleksii Zadoienko, avocat de 37 ans et père de deux enfants, avait raconté à watson l'histoire de sa famille fuyant la guerre. Il voulait faire sortir ses enfants et sa femme du pays, puis revenir pour combattre. De nombreux autres Ukrainiens se battent sur le front, sont grièvement blessés puis retournent au combat une fois soignés. Tous passent pour des héros.

Mais d'autres en revanche ne veulent pas se battre. Ce n'est pas non plus qu'ils soutiennent la Russie, mais ils refusent d'aller au front. Paul Ronzheimer, journaliste au Bild, s'est entretenu avec trois d'entre eux. Voici leurs témoignages.

May 18, 2022, Barvinkove, Kharkiv Oblast, Ukraine: Veteran soldier Aaron pets stray dogs a street at Barvinkove, Ukraine on May 18, 2022. Aaron, who has been fighting at the frontlines near Izyum for  ...
Un vétéran dans les rues Barvinkove, dans l'Oblast de Kharkiv, près du front, le 18 mai dernier.Image: www.imago-images.de

Extrader les hommes en fuite

Lorsqu'on ne veut pas se battre pour son pays, il est parfois difficile d'argumenter. C'est ce qu'a constaté Paul Ronzheimer dans le cadre de ses recherches.

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D'ailleurs, l'Ukraine a récemment demandé à d'autres pays d'extrader les hommes en fuite. Car si on refuse de faire son service militaire, on peut être arrêté, et dans certaines circonstances être contraint d'aller au front.

Artem, un informaticien de 22 ans, explique ce choix parfois controversé:

«Je ne survivrais pas une semaine»

Le jeune homme a peur d'être capturé ou torturé, et ce même s'il se trouve loin de la ligne de front. Il poursuit:

«C'est une situation très stressante. Je suis stressé rien qu'en y pensant»

Il explique qu'il tremble et qu'il doit prendre des pilules pour se calmer. Ce qui le terrifie le plus?

«Je suis sûr que les Russes sont assoiffés de sang. Je sais qu'ils font des choses horribles»

S'il était arrêté dans la rue et devait rejoindre l'armée, Artem essaierait de négocier avec les soldats. Il voudrait aider avec sa tête, pas avec des armes.

Le prêtre à la kalach

Boris est un autre Ukrainien qui témoigne dans le podcast. Lui aussi est effrayé. Il est prêtre et ne veut pas se battre. Il a, cependant, été contraint de choisir entre le front ou la prison. Il a choisi la première option et raconte:

«La formation a duré trois jours. Au total, nous sommes restés cinq jours à la caserne. On nous a montré comment utiliser une kalachnikov, comment tirer, comment choisir la bonne position, comment démonter et remonter le fusil.»

Il explique également qu'ils n'ont pas eu l'occasion de tirer. «Ils nous ont juste montré», précise-t-il. Les hommes ont ensuite été envoyés au front.

Les premiers mois, Boris était derrière la ligne de front. Mais il s'ennuyait, car il voulait se battre. Quant aux techniques de combat, il a dû tout apprendre seul. Après un an et demi, il a changé d'unité et s'est éloigné du front.

Réduire la population masculine?

Oleksii est la troisième personne qui témoigne. Il n'imaginait jamais devoir un jour se battre. Il est pacifiste et se décrit comme un hippie. Complotiste, il estime que les méthodes utilisées par le gouvernement ukrainien ont un but précis: réduire la population masculine.

Oleksii a même déjà reçu l'avis de conscription. Il se souvient:

«Je suis sorti pour faire des courses. Normalement, je regarde toujours autour de moi de tous les côtés, mais cette fois, j'étais absorbé par mon téléphone. Et 30 secondes plus tard, quatre soldats armés de mitraillettes m'entouraient et ont dit que voici ma convocation. Alors je l'ai prise, je n'avais pas vraiment d'autre option.»

Depuis, il fait le mort, il n'a plus donné de ses nouvelles à l'administration. Et il ne souhaite pas revenir sur sa décision. «Beaucoup de gens sont faits pour être des combattants. Pas moi! Je suis un hippie. Peace and love.»

Traduit et adapté par Noëline Flippe et Alyssa Garcia

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