Depuis plusieurs jours, de violents duels d'artillerie font rage dans et autour de Bakhmout. Même si Evgueni Prigojine, le chef de la troupe de mercenaires Wagner, se met en scène dans des vidéos pour se plaindre du manque d'obus, un regard en direction du front suffit à contredire ses affirmations.
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On ne peut pas distinguer les projectiles provenant du groupe Wagner de ceux de l'armée russe, mais le nombre d'impacts tend à faire mentir les paroles de Prigojine. En effet, les lance-roquettes multiples de type «Grad» – très anciens, mais toujours aussi redoutables – tirent salve après salve, sur les positions ukrainiennes.
Juché au sommet d'une colline, j'observe les positions russes à la jumelle. Il faut moins de 5 minutes pour que je me fasse repérer. Immédiatement, un obus fuse dans notre direction.
Comme nous ne nous trouvons pas dans une tranchée, je préfère prendre la fuite avec les membres de mon équipe.
Il n'y a plus de doute. Les préparations de la contre-offensive ukrainienne tant attendue ont commencé. Les environs sont ratissés avec un objectif clair: trouver les points faibles de l'adversaire. La douzaine de nouvelles brigades ukrainiennes, dont certaines sont désormais équipées de chars de combat et de chars de grenadiers occidentaux, n'ont toutefois pas encore pris part aux combats. Il est possible que l'assaut principal ait lieu à un tout autre endroit.
Pourtant, la consommation de munitions des Ukrainiens a radicalement augmenté, ces derniers jours, près de Bakhmout. Il ne s'agit plus seulement de sauver les défenseurs harcelés à l'ouest de la localité, mais peut-être de saisir l'occasion de contourner les mercenaires Wagner par une grande opération en tenaille afin de les forcer à battre en retraite.
Il faut dire que le fait que les flancs de la troupe de mercenaires au nord et au sud soient tenus par des unités régulières de l'armée russe arrange Kiev. Les hommes de Poutine ont pris les choses en main non seulement au sud, mais aussi dans la partie nord.
Une situation qui énerve le chef des mercenaires Wagner. Evgueni Prigojine a accusé l'armée d'avoir abandonné une importante ligne de collines au nord-ouest de Bakhmout. Celle-ci était cruciale pour les Russes afin de bloquer l'une des deux routes de ravitaillement ukrainiennes menant à la ville de l'oblast de Donetsk.
Si la colline tombe entièrement aux mains des Ukrainiens, ces derniers pourraient dominer Bakhmout et venir en aide à leurs camarades harcelés à l'ouest de la ville. La brèche laissée par le retrait des troupes officielles russes près du réservoir d'eau de Berkhivka est profonde d'environ deux kilomètres et large d'un kilomètre et demi.
La situation semble encore plus désastreuse du côté des Russes au sud. Les Ukrainiens du nord et de l'ouest ont pris le flanc en tenaille. Et ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que les hommes du Kremlin ne doivent se retirer là aussi. Ce qui soulagerait la deuxième route menant à Bakhmout.
Cet itinéraire de ravitaillement reste toutefois difficilement accessible, car les Russes tirent depuis un immeuble de la ville avec des armes antichars sur les véhicules qui s'approchent de l'ouest. Si les Ukrainiens parvenaient à avancer et à prendre la crête près du village de Kalynivka, la situation des mercenaires Wagner à Bakhmout deviendrait critique.
Mais nous n'en sommes pas encore là et les choses pourraient bien changer. Des rapports non confirmés indiquent que les Russes retirent des unités d'élite d'autres secteurs du front pour anticiper une percée ukrainienne à Bakhmout. Sachant que Moscou n'a probablement pas plus de 300 000 soldats déployés en Ukraine et que la ligne de contact active s'étend sur environ 800 kilomètres, il est facile de comprendre pourquoi certains observateurs militaires russes paniquent déjà. Et l'offensive principale des Ukrainiens n'a pas encore commencé.
Traduit et adapté par Nicolas Varin