Le coup d'Etat de Prigojine aurait (presque) relégué au second plan la contre-offensive ukrainienne. Mais les combats sur le front se poursuivent et les troupes de Zelensky grignotent du terrain alors que Poutine tentait de persuader les combattants Wagner de rallier l'armée russe, d'émigrer en Biélorussie ou de rentrer dans leurs familles, soit se démobiliser.
La mutinerie orchestrée par les Wagner a, semble-t-il, été trop brève pour que l'armée ukrainienne ne parvienne à gagner du terrain. Selon le Ministère des Armées français, la rébellion Wagner n’a pas eu d’incidence sur le front.
Conquise le 20 mai par l'armée Wagner, épicentre de combats dans l’Est de l’Ukraine qui s'éternisaient depuis l’été dernier, l'emprise des hommes de Prigojine est désormais vacillante. Spécialement dans le sud et nord de la ville détruite par les tirs et les obus.
Après la mutinerie, les Wagner ont déserté le champ de bataille et laissé un vide dans les rangs russes. Selon un article du Point, la force de frappe des Wagner était puissante et efficace, même avec des pertes humaines importantes. Mais la donne a changé, puisque les troupes wagnériennes ont déserté depuis la rébellion. Beaucoup d'entre eux seraient à Rostov-sur-le-Don notamment, et, pour d'autres, dans le Donbass occupé.
A la faveur du coup de gueule de Prigojine, les troupes ukrainiennes continuent d'avancer dans la région. La cité de Bakhmout est l'endroit le plus sensible pour l'armée russe, selon différents experts.
Au sud, les affrontements sont rugueux et nombreux. Les forces ukrainiennes ont fait des gains à partir du 26 juin. Zelensky s'était d'ailleurs déplacé pour décorer des soldats qui ont combattu à Bakhmout. L'Ukraine en a profité pour célébrer la reprise de Rivnopil (une localité de la région de Donetsk). Cette reconquête s'ajoute aux huit autres villes reprises depuis le début de la contre-offensive, le 5 juin: Lobkove, Levadne, Piatykhatky, Novodarivka, Neskuchne, Storozheve, Makarivka et Blahodatne.
En termes de chiffres, selon la vice-ministre de la Défense ukrainienne, Ganna Maliar, 130 km² ont été repris depuis début juin. D'autres informations rapportent que les forces russes maintenaient toujours des positions dans une partie du village de Rivnopil.
Des images géolocalisées publiées le 25 juin montrent que les forces russes ont récemment réalisé des gains limités à Marinka, dans l'oblast de Donetsk, selon le ministère britannique de la Défense. Surtout, les troupes ukrainiennes seraient à une cinquantaine de kilomètres de Marioupol et de la mer d'Azov. Cette percée les emmène à Berdiansk, ville portuaire où l'armée russe s'est barricadée en attendant l'ennemi.
La situation reste tendue sur le front pour les soldats ukrainiens. Les localités de Robotyne et Novoprokovka sont encore russes, selon d'autres sources sur le terrain. Les combats y seraient très intenses avec plusieurs centaines de morts quotidiennement des deux côtés du front.
La situation est toujours compliquée depuis que le barrage de Kakhovka a cédé, sous les coups des troupes russes. L'armée de Poutine avait gagné du temps après la destruction et s'était massée sur les bords du fleuve, profitant de l'inondation pour envoyer des hommes dans le sud.
Les dernières informations qui parviennent du front, les forces armées ukrainiennes sont désormais retranchées sur la rive gauche du fleuve de Dniepr. Les troupes russes reculent pour ne pas être encerclées, selon différentes sources ukrainiennes. Cela se passe dans la zone du pont Antonovsky, là où les forces armées ukrainiennes étendent maintenant leur présence. Si les troupes russes sont encore loin d’être encerclées, force est de constater que les Ukrainiens ont repris du poil de la bête.
Les forces ukrainiennes ont reçu du matériel pour braver les eaux du fleuve et attaquer l'ennemi russe. Et si l'armée ukrainienne parvient à rallier l'autre rive, elle pourra progresser vers Melitopol et la mer d'Azov. Mais le temps presse et le succès de cette opération dépend de la rapidité du déploiement de l'armée de Zelensky. Le hic réside dans l'impossibilité de faire passer de l'autre côté les chars ukrainiens.
Le fleuve de Dniepr est désormais un obstacle (ou une frontière naturelle) entre les territoires occupés par les Russes et les forces ukrainiennes. Le jour où l'armée ukrainienne réussit à passer cet obstacle, même si la reconquête rapide de l'oblast de Kherson n'est pas garantie, ce serait une étape significative dans l'avancée triomphale de la contre-offensive ukrainienne.