Le 18 mars, des soldats russes sont arrivés devant la maison de Mykola Kulichenko et de ses deux frères dans un village près de Tchernihiv. A ce moment-là, l'armée de Poutine avait déjà assiégé et bombardé la ville au nord-est de Kiev pendant des semaines. Durant l'occupation par les troupes russes, des centaines de personnes ont été tuées dans la région.
Cela a été le cas de deux frères, Dima et Eugen, le frère aîné et le frère cadet de Mykola Kulichenko. Et si les soldats russes n'avaient pas échoué dans leur plan, Mykola aurait été retrouvé dans une fosse commune, allongé à côté de ses frères, explique-t-il au portail d'information ukrainien Suspil'ne novyny, information reprise aussi tôt par le Wall Street Journal.
L'uniforme militaire d'Eugen et les médailles de son grand-père, que les Russes ont trouvés dans la maison familiale, ont été fatals à la fratrie. Après avoir battu Eugen devant la maison, les soldats ont bandé les yeux des trois frères et les ont emmenés hors du village dans un véhicule militaire, raconte le survivant. Ce n'est que plus tard que Mykola a réalisé que les Russes les avaient emmenés dans une scierie abandonnée à une quarantaine de kilomètres de là.
Pendant trois jours, Mykola et ses frères ont été interrogés, battus et torturés dans les ruines, peut-on lire dans le rapport du procureur. Puis les trois ont été conduits à l'extérieur, les yeux bandés, les mains et les pieds attachés. Les soldats avaient déjà creusé le trou dans la terre pour y déposer les corps des Kulichenko.
Pour finir, les soldats ont recouvert de terre les corps des trois frères.
Mais Mykola n'était pas mort. La balle qui devait le tuer a traversé sa joue sans toucher d'organes vitaux. Malgré ses bras et ses jambes attachés, il a pu s'extraire de la fosse peu profonde et a réussi à rejoindre le village le plus proche.
C'est une habitante, Valentina Petrovna qui a retrouvé le jeune homme blessé, l'a ramené chez elle et l'a soigné. Outre la blessure par balle, les médecins ont constaté que l'Ukrainien avait également deux côtes cassées.
Physiquement, Mykola Kulichenko a bien supporté à l'occupation russe.
Le parquet ukrainien a entre-temps examiné la scène du crime et confirmé la version de Mykola, selon Suspil'ne novyny. Ses frères font désormais partie des victimes des plus de 10 000 crimes de guerre russes commis en Ukraine, selon les autorités. Mykola, lui, est toujours là pour raconter son exécution. (t-online,mk)