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Qui est ce propagandiste russe qui veut noyer les petits ukrainiens?

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Capture d'écran

Qui est ce propagandiste russe qui appelle à noyer et brûler des petits Ukrainiens?

Une catilinaire d'une violence inouïe, prononcée avec le plus grand des sérieux. La semaine passée, Anton Krassovski, journaliste sur la chaîne Russia Today (RT), a égrainé le triste programme qu'il souhaitait réserver à des enfants qui considéraient que l'Ukraine souffrait de l'occupation russe.
25.10.2022, 12:0525.10.2022, 15:50
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Le ton est délié, le verbe, enflammé. Anton Krassovski, animateur de l'émission «Antonymes» diffusée sur la chaîne YouTube de Russia Today (RT), n'a pas fléchi au moment d'énoncer le programme qu'il réserverait à des enfants remettant en question l'occupation russe:

«Ils devraient être noyés dans la rivière Tysyna. Ou alors, vous les mettez dans des huttes en pin (smerekova) et vous les brûlez»
Anton Krassovski, sur la chaîne RT

La scène, hallucinante, se passe lors de son émission, jeudi 20 octobre. Il est alors en présence de l'écrivain Sergueï Lukyanenko, qui mentionnait sa première visite en Ukraine, effectuée en 1980. Il y avait rencontré des enfants, qui considéraient que l'Ukraine était occupée par les Russes, et qu'ils en souffraient. «Sans les Russes, les Ukrainiens vivraient comme en France», avaient alors rapporté les marmots à Sergueï Lukyanenko. Ces derniers, précise encore l'écrivain, étaient pourtant russophones. Il n'en a pas fallu plus pour que le journaliste s'enflamme sur une solution plus que radicale. «Ce n'est pas votre méthode, car vous êtes un écrivain, mais c'est la nôtre», pilonne Anton Krassovski à grand recours de gestes amples, le doigt pointé en direction de la caméra.

Le début de l'extrait vidéo n'est pas d'un meilleur ton. Sergueï Lukyanenko évoque les «mensonges», les «fantaisies grotesques» instillant l'idée que du viagra avait été distribué aux soldats russes en Ukraine. Anton Krassovski a tôt fait de rebondir sur les propos:

«Oui, du viagra distribué à nos soldats. Pour violer des grand-mères ukrainiennes. Mais pardi! Ces grand-mères dépenseraient leur épargne funéraire pour être violées par les soldats russes»
Anton Krassovski

Vives réactions

Dmytro Kuleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, a vivement fustigé la violente diatribe:

«Les agressives incitations au génocide n'ont rien à voir avec la liberté d'expression (nous allons poursuivre cette personne)»
Dmytro Kuleba

Le ministre ukrainien a également réclamé l'interdiction de la chaîne RT dans le monde entier. «C'est ce dont vous vous rendez complices en permettant à cette chaîne d'opérer dans votre pays», a-t-il encore mentionné.

Déclaration «dégoûtante»

De son côté, la chaîne s'est désolidarisée des propos de son animateur vedette. Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, a annoncé dimanche la fin de sa collaboration avec Anton Krassovski sur Telegram.

«La déclaration d'Anton Krassovski est sauvage et dégoûtante. Il est difficile de croire que Krassovski pense sincèrement que des enfants doivent être noyés. Pour l'instant, j'arrête notre collaboration, car ni moi, ni le reste de l'équipe RT ne pouvons admettre que l'un d'entre nous est capable de partager une telle pensée.»
Margarita Simonian

La rédactrice en chef a également souhaité «aux enfants d'Ukraine, ainsi qu'aux enfants du Donbass et à tous les autres enfants» une fin rapide de la guerre afin que «chacun puisse à nouveau vivre et étudier en paix, dans la langue de son choix.»

L'extrait polémique a été supprimé de la chaîne. En sus de la suspension, un rapport a été ordonné pour faire toute la lumière sur les propos du journaliste.

Ce dernier s'est également fait épingler par Dmitry Savelyev, député de Russie unie. «La personne qui a prononcé des mots tels que "noyer et brûler des enfants", nous a, à mon avis, tous trahis, il a trahi la patrie (...)», a-t-il fait savoir publiquement sur la plateforme russe VK.

A la suite de ce retour de bâton, Anton Krassovski a saisi Telegram pour s'excuser du dérapage, chose qui arrive parfois «quand il se laisse trop emporter par l'émission». Il s'est dit gêné d'avoir laissé passer «(...) cette ligne à propos des enfants. Je présente mes excuses à Margarita, à tous ceux pour qui cela semblait sauvage, impensable et insurmontable. J'espère que vous me pardonnerez».

Déclarations et coming-out fracassants

Anton Krassovski, s'il n'en est pas à une harangue pro-kremlin près, n'a pas un parcours linéaire. Il a d'abord fait figure d'opposant à Vladimir Poutine, en défendant publiquement les droits LGBT. En 2013, âgé alors de 37 ans, son courageux coming-out face à une Russie conservatrice avait eu un retentissement international. Comme le relaie le journal Le monde, il avait expliqué sur un plateau TV «qu’il était "homo" mais, surtout, qu’il était un être humain en tout point semblable au président Vladimir Poutine».

«Peut-être que j’y finirai comme tout le pays. Mais je ne veux pas que mon nom soit associé au processus. Je me bats pour les droits humains, pas pour les gays. Le temps est venu de prendre des risques pour ses droits sans attendre qu’on te les serve sur un putain de plateau. Martin Luther King, on l’a buté, lui!»
Anton Krassovski en 2013

Le journaliste a cependant fini par faire volte-face, rejoignant RT en octobre 2020, pour y défendre une ligne pro-kremlin très rigoriste. Au début de la guerre en Ukraine, le journaliste s'était illustré en encourageant ouvertement les violences commises par les troupes russes. Il avait notamment souhaité la «mort de tous les Ukrainiens». Les propos étaient alors largement passés inaperçus.

(jod)

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Video: watson
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