La destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine pourrait avoir de graves conséquences pour la péninsule de Crimée. Mais il ne s'agira pas d'inondations, bien au contraire. En effet, le réservoir du fleuve Dnipro, désormais vide, alimentait un système de canaux qui amenait une grande partie de l'eau douce en Crimée, l'une des régions les plus sèches d'Europe. Aujourd'hui, le sens d'écoulement dans le canal du nord de la Crimée semble s'être inversé.
Update to this thread I made over 2 years ago (roughly 11 months pre-invasion) isolating one of Russia’s motivators in it’s southern campaign in Ukraine, water:
— OSINTtechnical (@Osinttechnical) June 6, 2023
The Crimean canal is now flowing backwards from Crimea into the Dnipro River. https://t.co/z2mNxKz5hg pic.twitter.com/JCInJ0dX3W
Selon l'expert militaire Gustav Gressel, la rupture du barrage a des conséquences négatives pour les troupes de Poutine sur la péninsule:
L'expert poursuit: «Le barrage est immense et ne peut pas être reconstruit rapidement. Cela va demander beaucoup d'argent et de temps.»
L'approvisionnement en eau de la Crimée est devenu un problème pour la Russie dès l'annexion de la péninsule au printemps 2014. Peu après, l'Ukraine a en effet réduit l'arrivée d'eau du Dnipro dans le canal du nord de la Crimée. Depuis avril 2017, un barrage construit par Kiev a complètement coupé la péninsule de l'eau douce. Après l'invasion russe de février 2022, les troupes de Poutine ont fait sauter ce barrage et rétabli l'approvisionnement en eau.
Il n'est cependant pas certain que la Crimée manque réellement d'eau potable dans un avenir proche:
L'été 2020, par exemple, s'est avéré critique. L'approvisionnement en eau potable de la population n'était toutefois pas menacé, même si le gouvernement avait appelé les gens à se rationner. Ce sont surtout les exploitations agricoles qui ont souffert du manque d'eau, explique le journaliste ukrainien Denis Trubetskoy.
On ne sait pas combien de civils se trouvent encore en Crimée. Avant l'annexion russe de 2014, 2,35 millions de personnes y vivaient. En mars, le service de renseignement militaire ukrainien HUR a indiqué que la Russie avait commencé à évacuer ses ressortissants du territoire occupé.
Cela n'a toutefois pas été confirmé de manière indépendante. Mais depuis le début de la guerre, il y a toujours eu des vagues de fuite de la péninsule vers la Russie, par exemple après l'attaque du pont de Kertch en octobre.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder