C'est une escalade aux conséquences potentiellement dramatiques: le barrage de Nova Kakhovka, près de la ville de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a été presque entièrement détruit par une explosion dans la nuit de lundi à mardi. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent d'énormes masses d'eau qui s'écoulent librement du réservoir de Kakhovka vers le fleuve Dnipro.
Pour l'expert militaire Carlo Masala, le Kremlin est responsable.
Moscou poursuit ainsi deux objectifs: d'une part, il s'agit de provoquer une catastrophe humanitaire et de semer le chaos. D'autre part, c'est une manière d'entraver la contre-offensive ukrainienne.
Dans les villages et les villes situés au bord du fleuve, le niveau de l'eau monte dangereusement, quelques heures seulement après l'explosion. A Kherson, le fleuve sort peu à peu de son lit, et le centre-ville de Nova Kakhovka est déjà inondé.
Nova Kakhovka toujours (poke @VMO_81 ) :
— Stéphane Audrand (@AudrandS) June 6, 2023
D'autres photos disponibles, qui montrent l'effondrement de l'installation... 1/ pic.twitter.com/A1yeGehVRw
En Ukraine, beaucoup parlent d'un «écocide» et de l'une des «plus grandes catastrophes d'origine humaine depuis des décennies».
Ecocide by russia looks like this.#Kherson#Kakhovka
— Defense of Ukraine (@DefenceU) June 6, 2023
📷 vanek_nikolaev pic.twitter.com/DZ0O02yFWS
Le conseiller présidentiel ukrainien Andryi Yermak partage l'avis de Carlo Masala. Selon lui, c'est encore un coup des «criminels du Kremlin», prêts à tout pour laisser la guerre s'envenimer, dans le but d'éviter une défaite. La Russie a rejeté ces allégations et accuse de son côté l'Ukraine d'avoir détruit le barrage par des tirs d'artillerie.
Pour Carlo Masala, c'est peu probable. Il s'agirait plutôt pour les Russes de ralentir la contre-offensive ukrainienne déjà entamée. Selon le professeur de sciences politiques à l'université de la Bundeswehr à Munich, traverser une rivière est une opération hautement difficile pour les forces armées:
L'automne dernier déjà, des rapports indiquaient que l'armée russe avait miné le barrage de Nova Kakhovka. A l'époque également, les Russes risquaient de perdre un terrain occupé – ce qui s'est finalement produit, explique l'expert militaire. En novembre, l'Ukraine a repris la ville de Kherson lors d'une contre-offensive.
Carlo Masala n'adhère pas au récit des Russes, selon lequel le Kremlin n'aurait pas intérêt à inonder ses propres positions au sud du Dnipro.
En effet, des rumeurs circulent depuis longtemps selon lesquelles l'armée russe aurait abandonné ses positions avancées dans l'oblast de Kherson pour prendre position plus au sud.
Toujours selon Carlo Masala, les Russes ne parviendront, toutefois, pas à bloquer complètement la contre-offensive ukrainienne de cette manière. «Même si l'Ukraine ne peut actuellement pas faire grand-chose sur cette partie du front, il y a suffisamment d'autres endroits où elle peut frapper».
(Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder)