Selon les estimations des services secrets occidentaux, la Russie de Vladimir Poutine veut avant tout, par le mouvement de ses troupes en direction de l'Ukraine, forcer des concessions de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) sur des questions politiques et militaires controversées. Un haut responsable des services de renseignement a déclaré:
Or, le pays ne fait que réagir aux problèmes qu'il crée lui-même. «C'est le pyromane qui essaie de jouer le rôle du pompier», a commenté le haut fonctionnaire peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) à Liverpool en Angleterre.
Parmi les raisons possibles de l'orientation actuelle du gouvernement de Moscou, le représentant des services secrets a cité la crainte que les développements en Ukraine n'éveillent des convoitises indésirables au sein de la population russe. La menace serait que l'Ukraine soit un modèle et devienne un Etat encore plus démocratique avec des élections libres, une économie diversifiée et le respect des principes et des valeurs occidentales. Cela pourrait être plus dangereux que le pouvoir des appareils militaires, a-t-il déclaré.
Ces déclarations ont pour toile de fond les conclusions de l'Otan selon lesquelles la Russie aurait actuellement rassemblé entre 75 000 et 100 000 soldats à la frontière avec l'Ukraine. Ces développements rappellent les souvenirs de 2014, lorsque la Russie s'était emparée de la péninsule de Crimée après la révolution en Ukraine et avait commencé à soutenir les séparatistes dans l'est de l'Ukraine.
A la question de savoir si la Russie pourrait envahir l'Ukraine si les menaces ne produisaient pas les résultats escomptés, l'officier de renseignement a déclaré qu'il faudrait probablement beaucoup plus de troupes que celles qui sont actuellement sur place. Il a, en même temps, souligné que la Russie avait les capacités de mobiliser rapidement ces troupes supplémentaires. De son point de vue, il est désormais important d'agir avec prudence et de se préparer au fait qu'une opération militaire de grande envergure pourrait théoriquement avoir lieu fin janvier, début février. On ne peut pas se permettre le luxe de partir du meilleur scénario possible, a-t-il averti.
Les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 se réunissent à partir de ce vendredi. On s'attend à ce que les discussions portent entre autres sur la question de savoir comment renforcer encore la dissuasion vis-à-vis de la Russie. La nouvelle ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock (Verts) devrait participer aux discussions.
Jusqu'à récemment, il était considéré comme très improbable que l'Occident fasse de grandes concessions dans le conflit avec la Russie. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, ne cesse de répéter que ce n'est pas à la Russie de déterminer qui devient membre de l'Otan et qui ne l'est pas. (jah)