Peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et l’Iran mardi, les deux camps s'accusent déjà mutuellement de poursuivre les hostilités. Au moins cinq éléments permettent de douter que cette trêve soudaine après les bombardements américains puisse déboucher sur une paix durable dans la région.
La méfiance profonde entre Israël et l’Iran reste intacte. Dans la bande de Gaza, aucune solution n’a encore été trouvée au conflit entre l'Etat hébreu et le Hamas, soutenu par l’Iran.
Ce cessez-le-feu n’est pas le fruit d’une volonté de paix, mais d’un épuisement général. En Israël, selon plusieurs médias, les stocks de munitions pour les systèmes de défense antiaérienne sont à sec.
En Iran, des installations nucléaires, des bâtiments gouvernementaux et des bases des forces de sécurité ont été bombardés, des généraux et des scientifiques du nucléaire tués par des frappes israéliennes.
L’avenir du programme nucléaire iranien demeure incertain. L’Iran dissimule de l’uranium hautement enrichi. En l’absence d’un accord sur le nucléaire, le régime des mollahs pourrait échafauder une nouvelle arme à l’abri des regards de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Aucun des deux belligérants ne peut compter sur Donald Trump. La semaine dernière, l’Iran a vu le président américain annoncer des négociations, avant de finalement ordonner une attaque contre ses installations nucléaires.
Israël s’est réjoui des déclarations de Trump, qui affirmait vouloir soutenir ses objectifs de guerre, à savoir la destruction totale du programme nucléaire iranien et un changement de régime à Téhéran. Mais le pays a dû se rendre à l’évidence: le président américain n’était en réalité prêt à réaliser qu'une seule frappe militaire décisive contre l’Iran.
Les dirigeants actuellement au pouvoir à Jérusalem et Téhéran ne laissent entrevoir aucune ouverture vers un accord de paix. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, rêve toujours de la destruction de l’Etat d’Israël. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, lui, vise le renversement du régime des mollahs.
Une certaine accalmie est certes probable à court terme. Mais elle ne résulte ni d’une volonté de paix israélienne ni d’un changement d’attitude iranien. Elle s’explique par la volonté des deux camps de ne pas froisser Donald Trump, et de reconstituer leurs arsenaux en vue du prochain conflit.
Traduit de l'allemand par Joel Espi