Le nombre de pertes humaines induites par la guerre qui fait rage en Ukraine depuis fin février a, dans le même temps, fait apparaître un autre problème: le nombre significatif d'enfants du pays devenus orphelins. Alors, ces derniers mois, les autorités russes ont décidé de réagir. Comme l'a rapporté jeudi la NZZ, ces dernières ont envoyé, vers la Russie, des milliers de jeunes vivant dans les zones de conflit. Le journal précise que des centaines d'entre eux ont été adoptés par des familles et ont, dans la foulée, été naturalisés en tant que citoyens russes.
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Au cœur des médias proches du Kremlin, ces actes sont présentés comme des «opérations de sauvetage» visant à offrir à ces mineurs de nouveaux foyers. Des documents relayés par des responsables ukrainiens ainsi que des militants des droits de l'homme dépeignent pourtant un autre tableau: pour eux, ces pratiques sont illégales.
Mi-octobre, la commissaire à l'enfance du Kremlin Maria Lvowa-Belowa a signalé qu'au moins 350 expatriés provenaient d'orphelinats situés dans les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk. Elle a affirmé qu'ils avaient été adoptés par des familles russes après consultation des gouverneurs respectifs.
Selon la NZZ, qui se base sur plusieurs informations russes, Maria Lwova-Belowa aurait aidé à transporter 125 mineurs et orphelins en Russie. Une pratique qui n'était pas possible jusqu'à il y a encore quelques mois en Russie, où adopter un enfant muni d'un passeport étranger était illégal.
Mais le 30 mai, Vladimir Poutine a signé un décret facilitant l'acquisition de la nationalité russe pour les orphelins ukrainiens. Le récent décret ayant officialisé l'annexion des quatre zones occupées de Kherson, Zaporijia, Louhansk et Donetsk a accéléré les nouvelles méthodes d'adoption.
Alors, cette présumée main tendue, l'Organisation non gouvernementale (ONG) ukrainienne Centre régional pour les droits de l'homme ne la voit pas d'un bon œil. Il s'agirait, selon elle, d'un plan à grande échelle n'ayant que pour unique but «d'éradiquer» l'identité ukrainienne.
La situation est d'autant plus inquiétante du point de vue des autorités de Kiev que certains auraient été déportés alors qu'ils étaient encore avec leurs parents ou d'autres tuteurs légaux, au moment de leur enlèvement, a notamment expliqué Katerina Raschewska, avocate au Centre régional des droits de l'homme.
Selon la NZZ, des tentatives isolées de nombreux responsables ukrainiens sont réalisées en tout temps afin de rapatrier ces enfants en Ukraine. Daria Herasimchuk, commissaire à l'enfance du gouvernement ukrainien, a déclaré qu'environ 90 mineurs étaient revenus de Russie, jusqu'à présent. Une bien mince manœuvre, toutefois, compte tenu des enlèvements en Ukraine qui se poursuivent de manière toujours plus importante, plus particulièrement dans la région de Kherson, au sud de l'Ukraine. (mndl)