L'armée russe resserrait, jeudi, son emprise dans l'est de l'Ukraine, son objectif prioritaire, au 99e jour d'une guerre qui lui a permis de mettre la main sur 20% du pays selon Kiev.
Après l'échec de leur offensive-éclair pour faire tomber le gouvernement de Kiev, les forces russes se concentrent sur la conquête du reste du Donbass (est) où se joue désormais une guerre d'usure.
La tactique du rouleau compresseur appliquée par Moscou pour grignoter lentement le Donbass semble porter ses fruits. Les troupes de Moscou avancent sur plusieurs fronts:
A Severodonetsk, les forces ukrainiennes sont retranchées dans une zone industrielle bombardée par les Russes: une situation qui rappelle le siège de Marioupol, conquise par les Russes fin avril.
Trois mois après le début de l'invasion, les forces russes contrôlent actuellement «environ 20%» du territoire ukrainien, a déclaré le président ukrainien Zelensky. Il s'agit d'une surface de près de 125 000 km2.
Avant l'invasion, les forces russes ou pro-russes y contrôlaient 43 000 km2, depuis l'annexion de la Crimée et la prise d'un tiers du Donbass en 2014. Depuis le 24 février, elles ont notamment avancé dans l'est et au sud, le long des mers Noire et d'Azov, contrôlant désormais un corridor côtier stratégique reliant l'est russe à la Crimée.
«L'ennemi a un avantage opérationnel en termes d'artillerie», a concédé le général ukrainien Valeri Zaloujny mercredi.
Et ce n'est pas le seul problème. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour jusqu'à 100 soldats, a assuré le président Volodymyr Zelensky.
Le général ukrainien a plaidé pour la livraison le plus rapidement possible à son pays d'armes «du type de celles de l'Otan». «Cela sauverait des vies», a-t-il souligné.
Kiev attend notamment des livraisons de systèmes de lance-missiles plus puissants promis par le président américain Joe Biden, en espérant que cela change le rapport de force militaire sur le terrain.
Les Occidentaux essaient de débloquer les ports ukrainiens de la mer Noire, notamment celui d'Odessa (sud), principale porte de sortie de la production agricole du pays, pour relancer les exportations de céréales dont l'Ukraine est l'une des grandes productrices mondiales.
Au moins 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ne peuvent être exportées à cause d'un blocus russe, faisant planer le risque d'une crise alimentaire mondiale.
Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine (UA), se rend jeudi en Russie pour s'entretenir vendredi avec son homologue russe Vladimir Poutine qui l'a invité à Sotchi, ont indiqué ses services dans un communiqué.
L'UA espère ainsi «contribuer à l'accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants dont le blocage affecte particulièrement les pays africains», ont-ils ajouté.
A Kiev et dans ses alentours, que les forces russes ont quittés fin mars pour se replier vers l'est, l'activité reprend des couleurs avec le retour progressif des habitants.
Près de la capitale, la demande «augmente chaque semaine» pour l'usine de boulangerie Tsar-Khlib, se félicite Oleksandr Tarenenko, directeur du groupe Khlibni Investytsiï qui la possède. Malgré la guerre, elle n'a jamais cessé d'alimenter Kiev en pain.
Après avoir poussé la Finlande et la Suède à demander leur adhésion à l'Otan, l'invasion russe de l'Ukraine continue à avoir d'autres effets géostratégiques: les Danois ont ainsi massivement voté «oui» mercredi au référendum sur une entrée de leur pays dans la politique de défense de l'Union européenne, après s'y être refusés pendant trois décennies.
L'équipe d'Ukraine de football a par ailleurs battu l'Ecosse (3-1) mercredi soir en match de barrages pour le Mondial 2022, permettant aux habitants d'oublier brièvement le quotidien de la guerre. L'Ukraine obtiendra son billet pour le Qatar si elle bat le Pays de Galles dimanche. (ats)