Les images sont impressionnantes: une pluie lumineuse et fluorescente tombe lentement sur un village, à la manière d'un feu d'artifice. L'effet serait presque onirique, si ce n'est qu'il s'agit très probablement d'un bombardement effectué avec des armes incendiaires. C'est ce qu'affirme Roman Hryshchuk, membre du parlement ukrainien qui a partagé la vidéo sur Twitter.
«Village d'Ozerne, région de Donetsk. Ukraine. C'est horrible», s'est limité à écrire Hryshchuk, sans fournir d'autres détails concernant la date de l'attaque. De nombreuses comparaisons avec Google Maps, ainsi qu'une analyse d'images satellites effectuées par le New York Post confirment que la vidéo a effectivement été tournée à Ozerne.
Situé dans la région de Donetsk, entre les villes de Sloviansk et Severodonetsk, ce village se trouve à quelques kilomètres de la ligne du front et a récemment été libéré par les Ukrainiens au cours de leur contre-offensive dans le nord-est du pays. Ces éléments en font une cible possible d'une attaque. Il y a quelques jours, le Kremlin avait annoncé mener des «frappes massives dans toutes les zones opérationnelles», en réaction à la percée des troupes de Kiev.
Comme plusieurs internautes ont remarqué, la signature distinctive de l'arme utilisée laisse penser à une bombe incendiaire. C'est également ce qu'affirme une spécialiste du King's College de Londres interrogée par Newsweek. Mais alors que plusieurs observateurs ont parlé de phosphore, elle pense qu'il s'agit de thermite, un mélange d'aluminium métallique et d'oxyde de fer, qui peut être utilisé au même titre que le napalm et le phosphore blanc.
L'Ukraine et la Russie possèdent ce type d'arme, qui date de l'époque soviétique. Ce n'est pas la première fois que de la thermite aurait été utilisée en Ukraine: en mars, Kiev avait accusé Moscou d'avoir largué ce matériel sur la ville de Popasna.
Plus largement, les deux belligérants s'accusent mutuellement de recourir à des armes incendiaires depuis le début du conflit. Une bombe au phosphore aurait notamment été larguée sur l'usine Azovstal à Marioupol.
Pour l'ONG Human Rights Watch (HRW), les bombes incendiaires sont «parmi les armes les plus cruelles utilisées dans les conflits armés» et peuvent provoquer des brûlures au quatrième et au cinquième degrés.
Malgré ces effets dévastateurs, ces armes ne sont pas strictement interdites au regard du droit international. Leur utilisation intentionnelle contre des cibles civiles l'est. (asi)