La bombe apparaît brièvement sur l'image, puis elle tombe pendant quelques secondes et elle s'écrase au milieu des soldats russes. Des images comme celles-ci sont apparues à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. Dans une autre vidéo, l'obus tombe à travers le toit ouvrant d'une voiture remplie de soldats russes, mais la plupart du temps, ce sont des chars de combat ou des transports de troupes que l'unité ukrainienne Aerorozvidka (reconnaissance aérienne) prend pour cible avec ses drones.
Ce «bataillon», composé de quelques volontaires seulement, aurait déjà joué un rôle décisif dans la défense de Kiev en mars. Ce sont surtout des ingénieurs et des experts en informatique qui s'organisent au sein de l'Aerorozvidka, fondée en 2014. Ils n'auraient qu'un lien ténu avec l'armée ukrainienne, l'argent nécessaire à leurs interventions provenant principalement de dons. La spécialité de l'unité: transformer de simples drones en machines de guerre mortelles.
Pour ce faire, l'Aerorozvidka utilise apparemment volontiers des stocks de grenades antichars de type RKG-3 de production soviétique. En fait, cette arme introduite en 1950 est depuis longtemps considérée comme digne de figurer dans un musée.
La grenade à lancer a eu une importance militaire pour la dernière fois au début du siècle en Irak, où les islamistes l'ont utilisée comme piège explosif contre l'armée américaine. En tant qu'arme de poing contre des chars en approche, la RKG-3 est, toutefois, considérée comme totalement inadaptée – le lanceur doit s'approcher beaucoup trop près de sa cible et ne fait que se mettre en danger.
Mais comment une grenade lancée à plusieurs centaines de mètres peut-elle atteindre sa cible avec autant de précision, comme on peut le voir dans les vidéos? Pour ce faire, les Aerorozvidkas équipent le RKG-3 d'un aileron, un élément stabilisateur situé sur la tige de la grenade. La pièce en plastique peut être facilement fabriquée à l'aide d'une imprimante 3D. Une fois customisée, la grenade ressemblant alors à ça. 👇
L'ogive du RKG-3 peut percer un blindage en acier de 20 centimètres d'épaisseur et faire exploser des munitions à l'intérieur d'un char – c'est ce qui rend cette arme si mortelle. Lors de certaines attaques, les Aerorozvidkas lâchent également des obus de mortier ou des grenades à lancer plus modernes de type VOG-17 sur les unités russes. Ces objets sont également équipés d'un aileron en plastique, comme on peut le voir sur cette vidéo:
The modifications to the grenade are simple, but as the video shows, they enable good aerodynamic performance and high accuracy. /4pic.twitter.com/FqTMiS8yp2— ChrisO (@ChrisO_wiki) May 1, 2022
«Les modifications apportées à la grenade sont simples, mais elles lui confèrent de bonnes propriétés aérodynamiques et une grande précision», écrit à ce sujet l'expert militaire Chris Owen. Lors d'opérations d'entraînement, des pilotes de drones ont atteint une cible d'un mètre à 300 mètres de hauteur, poursuit Owen:
L'Aerorozvidka serait ainsi en mesure de détruire du matériel de guerre russe d'une valeur de plusieurs centaines de milliers de francs pour un coût inférieur à 100 francs.
«Les stratèges militaires vont regarder cela de très près», écrit Chris Owen. «Les drones sont désormais capables d'abattre des soldats et des équipements avec une grande précision, par presque tous les temps, de jour comme de nuit». Même les unités camouflées derrière le front doivent s'attendre à tout moment à ce qu'une bombe leur tombe dessus depuis le ciel, poursuit Owen:
Sources