A la grande surprise d'une partie des analystes, la «petite» armée ukrainienne continue de disputer à son équivalent russe bien plus musclé la maîtrise des cieux du pays. L'utilisation très prochaine du redoutable système sol-air Starstreak britannique devrait donner quelques sueurs froides supplémentaires aux pilotes russes effectuant des sorties au-dessus du pays.
Alors qu'elle reçoit déjà des milliers de missiles sol-air de type Stinger de la part des pays occidentaux, que les Etats-Unis cherchent à fournir des systèmes de défense de fabrication soviétique type S-300, pour certains issus de son propre inventaire «secret», les Starstreaks sont un ajout de poids à cet arsenal.
Le Royaume-Uni fournira, en effet, 6000 missiles supplémentaires à l'Ukraine, en plus des 4000 missiles NLAW et Javelin déjà fournis. Une aide militaire défensive létale, notamment des missiles anti-aériens à haute vélocité Starstreak, aidera les Ukrainiens à continuer à se défendre. 2/6
C'est le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, qui a expliqué dans une interview au Mail on Sunday que le système était, désormais, prêt à être utilisé par les forces ukrainiennes. Il a fallu pour cela dûment les entraîner, un peu plus complexe que celui d'un MANPAD («man-portable air-defense system», système portatif de défense aérienne en bon français) habituel de type Stinger (ça 👇).
En service depuis 1997 dans l'armée britannique, le Starstreak est un «High-Velocity Missile» (HVM): son projectile peut atteindre, dit-on, plusieurs fois la vitesse du son, et produire des dégâts létaux à des appareils, avions ou hélicoptères, volant à basse ou à plus haute altitude.
Il peut prendre plusieurs formes. La principale, celle fournie en priorité à l'armée ukrainienne, est portée à l'épaule comme d'autres défenses aériennes du même genre. Le Starstreak peut aussi venir par trois (comme ici 👇), monté sur un «Lightweight Multiple Launchers» (LML), objet portable et déplaçable, dont il semble que quelques exemplaires aient également été fournis.
Comme l'explique The Drive, l'une des caractéristiques principales du Starstreak est son système de visée. Celle-ci, effectuée via un écran, projette deux lasers sur la cible visée et est de type «fire and forget» (tire et oublie). Le doublement de ces lasers permet d'accrocher la cible sans lui laisser la chance de briser sa malédiction.
En effet, ce système permet d'accrocher beaucoup plus rapidement l'aéronef à abattre que les missiles à guidée infrarouge classiques. La partie informatique du Starstreak se charge, ensuite, de calculer la meilleure trajectoire d'interception possible.
The Drive note, en outre, que le guidage laser rend le missile du Starstreak insensible aux contre-mesures – même les plus récentes – que l'avion ou l'hélicoptère visé pourrait lancer: cela en fait un appareil redoutable, et sans doute redouté, qui devrait singulièrement compliquer la vie déjà anxieuse des forces aériennes russes.
Le projectile du Starstreak est lui aussi différent des missiles traditionnels. Au lieu d'une tête contenant une charge explosant au contact ou à proximité immédiate de la cible, le Manpad britannique propose trois flèches en tungstène, lancées par le corps du missile en toute fin de parcours, mais capables elles-mêmes de manœuvrer en vol pour atteindre leur but mouvant.
Selon Thales UK, qui fabrique le Starstreak, le projectile pourrait atteindre une vitesse de Mach 3, soit trois fois la vitesse du son, ou 3700 kilomètres par heure. Une telle vélocité le rend extrêmement difficile à esquiver et produit une force cinétique à même de provoquer d'énormes dégâts à la cible touchée. Celle-ci peut, même, est-il expliqué, être un véhicule lourdement blindé au sol.
Le Starstreak est donc un système redoutable. Car si ses concurrents sur le terrain sont également des armes très capables qui permettent à l'Ukraine d'infliger de lourds dégâts aux forces aériennes russes, ses capacités particulières: vitesse, visée, impossibilité d'esquiver la frappe, pourraient ajouter à la terreur des pilotes russes, que les sorties au cœur des lignes ukrainiennes inquiètent déjà légitimement.
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original