Le saviez-vous? En Ukraine, Noël est habituellement fêté le 7 janvier. Une tradition que l'on doit à l'Eglise orthodoxe russe, mais qui pourrait bien vivre ses dernières années.
Depuis l'invasion, de plus en plus de croyants ukrainiens ont fini par céder aux clochettes du 25 décembre.
Pour comprendre pourquoi il existe deux dates de Noël en Ukraine, il nous faut remonter à l'an 1582. A l'époque, un nouveau calendrier «amélioré», plus en adéquation avec les calculs des astronomes, fait son apparition. Son nom? Le calendrier grégorien, du nom-même de son instigateur, le pape Grégoire XIII.
On vous épargne les détails, mais il s'agit alors de corriger un décalage de 13 jours par rapport aux saisons. Résultat: le jour de Noël est fixé au 25 décembre.
La date est adoptée à l'unanimité par les pays catholiques, mais d'autres pays orthodoxes, comme l'Ukraine et la Russie, préfèrent s'en tenir à leur ancien calendrier (julien, de son prénom) et conserver leurs dates religieuses traditionnelles. Tous deux finiront par se plier au calendrier grégorien en 1918. Ce qui ne sera pas le cas de leur Eglise, solidement attachée à ses traditions, qui choisit de maintenir son calendrier julien, envers et contre tous.
Or, l'Ukraine compte, aujourd'hui, deux Eglises orthodoxes distinctes: la première, l'Eglise orthodoxe liée patriarcat de Moscou, se trouve entre les mains du patriarche Kirill, proche de Poutine et fervent soutien de l’invasion.
La seconde église, l'Eglise orthodoxe d'Ukraine, représentée par le patriarcat de Kiev, a été reconnue en mai 2019. Depuis lors, près de 1600 paroisses ukrainiennes ont quitté le patriarcat de Moscou pour celui de Kiev – et l'exode s'est particulièrement accru depuis l’invasion du 24 février. Or, cette branche ukrainienne songe de plus en plus sérieusement à opérer à une réforme de son calendrier ecclésiastique. Question de distinction avec sa voisine.
Le choix de déplacer officiellement Noël du 7 janvier au 25 décembre est un débat récurrent en Ukraine depuis quelques années et il s'est encore renforcé depuis le début de la guerre dans le Donbass.
En 2017, les députés ukrainiens ont décidé de faire du 25 décembre un jour férié. Cet automne, dans la foulée de l'invasion, l'Eglise orthodoxe a pour sa part autorisé ses paroisses à se désolidariser à choisir librement le jour du culte de Noël.
Anodin, le jour de Noël? Pas du tout, selon Oleksandra Hertsyuk-Bahach, habitante des Carpates interrogée par la BBC. «Maintenant, c'est un choix existentiel et civilisationnel. Peu importe à quel point cela semble pathétique.»
Le choix s'inscrit dans un changement plus large en Ukraine: la volonté de s'éloigner des traditions culturelles russes, qui reflètent l'hégémonie séculaire de la Russie sur sa voisine.
Selon une récente enquête de Rating, une agence de sondage basée à Kiev, le nombre d'Ukrainiens préférant célébrer Noël le 25 décembre a presque doublé cette année.