Marioupol se trouve à seulement dix kilomètres des zones contrôlées par les séparatistes pro-Kremlin. Après plus de 20 jours de bombardement de la part des forces russes, la ville est dévastée, comme le montrent ces images de drone:
De nombreux immeubles civils et d'habitation ont été touchés. Sergei Orlov, maire adjoint de Marioupol, a affirmé à CNN que les frappes se succèdent sans répit. A titre d'exemple, 22 avions ont largué au moins 100 bombes sur la ville en l'espace de 24 heures.
Selon le dernier bilan dressé par le conseil municipal de la ville, 2357 personnes ont perdu la vie depuis le début de l'invasion.
Submergées par la quantité de morts, les autorités de Marioupol ont creusé des fosses communes à la périphérie de la ville, rapporte Associated Press. Plus de 70 corps, enveloppés dans des tapis ou des sacs, y ont déjà été enterrés.
L'attaque d'un hôpital pédiatrique le 9 mars dernier a, par ailleurs, provoqué une vive émotion dans le monde. Elle a coûté la vie à au moins cinq personnes, dont une femme enceinte et son enfant. Une photo la montrant en train d'être évacuée est devenue le symbole de la brutalité de la guerre.
La situation humanitaire est des plus dramatiques. Assiégée par les Russes, la ville manque d'eau, de vivres, d'électricité et de communications. Selon des témoignages recueillis par le Monde, les gens meurent de faim et de soif.
Terrés dans des caves, jusqu'à 300 000 habitants y restent coincés. Les convois humanitaires sont particulièrement attendus, mais ils tardent à arriver. A cela s'ajoutent des conditions météo difficiles: ces jours-ci, les températures atteignent les -8 degrés.
Le gouverneur de la région a, en outre, affirmé, mardi, que les forces russes retenaient les employés d'un hôpital de Marioupol et 400 habitants du voisinage «en otage» à l'intérieur de l'établissement, des accusations qui ne pouvaient être vérifiées de manière indépendante.
Dans la journée de mardi, 20 000 civils ont pu quitter la ville à bord de 4000 voitures, selon la présidence ukrainienne.
Le couloir humanitaire emprunté par ces colonnes de véhicules relie Marioupol à Zaporojie au nord-ouest, via Berdiansk, soit environ 270 km de route.
Si Moscou s'acharne sur Marioupol, c'est que la ville portuaire est située dans un endroit stratégique. Une victoire russe serait un important tournant dans l'invasion de l'Ukraine.
Elle permettrait de faire la jonction entre les forces russes venues de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports de Berdiansk et Kherson, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass. (asi)