En juillet, des responsables américains révélaient que l'Iran, proche allié de Moscou et rival historique de Washington, s'apprêtait à livrer «des centaines» de drones de combat à la Russie. Des soldats russes auraient également été formés sur place pour utiliser plusieurs engins fabriqués par Téhéran.
Les modèles iraniens étaient censés combler les graves lacunes dont souffre l'armée russe en la matière. L'Iran fait en revanche partie des plus gros constructeurs de drones de sa région; sa flotte comprend au moins 48 aéronefs différents. Ceux-ci n'avaient pas encore été aperçus sur le champ de bataille, rapportaient récemment les autorités américaines. Il semblerait que ce soit désormais le cas.
Un premier drone de fabrication iranienne a en effet été repéré en Ukraine ce mardi... sous la forme d'une épave. Les forces armées ukrainiennes ont affirmé avoir «éliminé» un drone d'attaque iranien Shahed-136. «Russie et Iran: la parfaite union des deux tyrans» a tweeté, dans son habituel registre combatif, le Ministère de la Défense ukrainien.
Iranian attack UAV Shahed-136, eliminated by the #UAarmy near Kupiansk, Kharkiv region.
— Defense of Ukraine (@DefenceU) September 13, 2022
🇷🇺 and 🇮🇷: A perfect union of two despots.
📷 @kms_d4k pic.twitter.com/M7sQ9PX1hJ
La publication a été accompagnée de photos montrant les restes calcinés d'un aéronef, censées prouver les dires du Ministère. Les forces aériennes ont affirmé que l'engin, décrit comme «drone kamikaze», aurait été abattu à Koupiansk, ville récemment libérée dans la région de Kharkiv.
Pour le média spécialisé The Drive, cela «ne fait aucun doute»: les restes visibles sur les photos «ressemblent beaucoup» à un Shahed-136. Le stabilisateur vertical situé à l'extrémité de l'une des ailes du drone est un élément particulièrement distinctif du modèle iranien.
Les images des restes montrent également un autre élément: le Shahed-136 écrasé en Ukraine a été renommé Geran-2, ce qui signifie «géranium-2». Cela s'inscrit dans la tradition russe de donner à l'artillerie des noms de fleurs.
Cette dénomination colorée pourrait également indiquer que les drones iraniens sont effectivement utilisés comme des munitions volantes pour attaquer des cibles au sol, comme affirmaient les autorités ukrainiennes.
Le fait que les premiers exemplaires livrés par l'Iran soient de petits modèles, et pas des drones plus grands capables de transporter des armes, n'est pas surprenant, estime The Drive. Ce type de munitions volantes seraient déjà très utiles pour Moscou: les systèmes ukrainiens de défense anti-aérienne au sol donnent du fil à retordre à l'aviation russe, dont les opérations ont dû être limitées. Les nouveaux Geran-2 pourraient aider à résoudre le problème.
Ces drones, d'une portée de 2000 kilomètres, fourniraient également à la Russie un moyen alternatif de frapper en profondeur dans le territoire ukrainien.
Bien que le premier modèle n'ait pas fait long feu, l'apparition de ces drones d'attaque aux mains des Russes pourrait donc avoir «plusieurs répercussions majeures», conclut le site spécialisé. (asi)