Les soldats ukrainiens livrent à Severodonetsk l'une des «batailles les plus difficiles» depuis le début de la guerre, le 24 février , selon le président Volodymyr Zelensky. Dans une vidéo diffusée mercredi soir, il estimait que:
Mettre la main sur cette ville ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, une étape importante en vue d'une conquête de l'intégralité de cette région frontalière de la Russie - laquelle se trouve déjà en partie aux mains des séparatistes prorusses, depuis 2014.
Face à la pression des troupes de Moscou, les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux des armes plus puissantes que celles de moindre portée dont ils disposent. Washington et Londres ont déjà promis la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, d'une portée de quelque 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser.
Selon Sergueï Gaïdaï, gouverneur de Lougansk, l'une des deux régions du Donbass, l'Ukraine pourrait reprendre Severodonetsk «en deux, trois jours», dès qu'elle disposera d'armes d'artillerie occidentale «de longue portée».
Ces armes sont d'autant plus urgentes pour l'Ukraine qu'elle déplore chaque jour «jusqu'à 100 soldats» tués et «500 blessés» dans les combats avec l'armée russe, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksï Reznikov.
La semaine dernière, Severodonetsk semblait sur le point de tomber aux mains de l'armée russe, mais les troupes ukrainiennes ont contre-attaqué, malgré leur infériorité numérique. Les forces russes regagnent cependant du terrain depuis, et contrôlaient mercredi soir «une majeure partie» de la ville, selon le gouverneur Gaïdaï.
Jeudi, les combats de rue et des bombardements russes «constants» se sont poursuivis dans les zones industrielles de Severodonetsk, encore contrôlées par les Ukrainiens. «Nos forces les repoussent, puis les tirs d'artillerie reprennent, et ça continue comme ça en permanence», a indiqué Gaïdaï.
Les forces russes ont notamment bombardé la grande usine chimique Azot au moins deux fois, touchant un centre de production d'ammonium. Quelque 800 civils y seraient actuellement pris au piège, où ils se sont réfugiés.
La ville voisine de Severodonetsk, Lyssytchansk, est encore entièrement contrôlée par l'armée ukrainienne. Toutefois, elle subit elle aussi des bombardements «puissants». Le gouverneur Gaïdaï a accusé les forces russes de viser «délibérément» les hôpitaux et les centres de distribution d'aide humanitaire.
Si beaucoup de civils ont évacué Severodonetsk et Lyssytchansk, plusieurs milliers sont néanmoins restés - des personnes âgées, les gens s'occupant d'elles ou ceux n'ayant pas les moyens de partir ailleurs.
«Tous les jours, il y a des bombardements, tous les jours quelque chose brûle», témoigne Iouri Krassnikov, assis dans un quartier de Lyssytchansk aux nombreux immeubles endommagés et pavillons calcinés, alors que l'artillerie gronde non loin de là. «Il n'y a personne pour m'aider», se lamente ce retraité.
Les Russes bombardent également intensément la région de Donetsk, l'autre partie du Donbass, «sur tout le long de la ligne de front», avec notamment des attaques sur les villes de Sloviansk et Bakhmout, selon Kiev, qui a recensé 4 morts et 11 blessés au cours des dernières 24 heures.
Les forces de Moscou n'ont progressé que lentement jusqu'ici, faisant dire aux analystes occidentaux que l'invasion russe, lancée le 24 février, avait tourné à la «guerre d'usure», avec des avancées limitées obtenues au prix de destructions massives et de lourdes pertes. (mbr/ats)