Ce fut une claque pour le président russe Vladimir Poutine: après le succès des contre-offensives ukrainiennes, ses forces armées ont dû se retirer la semaine dernière de la région de Kherson, au sud de l'Ukraine. Elles ont également abandonné la capitale régionale du même nom. La Russie a désormais retiré toutes ses forces de la rive droite du fleuve Dniepr.
Le président Volodymyr Zelensky a quant à lui célébré les récents succès de l'Ukraine et s'est rendu dans la ville libérée. Il a déclaré aux journalistes qu'il voulait exprimer son soutien personnel aux habitants de Kherson par sa présence. «Pour qu'ils sentent que nous ne faisons pas qu'en parler, que nous ne faisons pas que promettre, mais que nous avons réellement regagné la ville, que nous hissons notre drapeau».
Au total, l'Ukraine a déclaré avoir repris environ 180 agglomérations dans les régions de Kherson et de Mykolaïv. En se référant au commandement des opérations sud, l'agence Unian a annoncé que les zones libérées au nord-ouest du fleuve Dniepr couvraient une superficie d'environ 4500 kilomètres carrés.
Pour Moscou, il s'agit d'un coup dur. En effet, la région est d'une grande importance stratégique. A partir de Kherson, la Russie aurait pu lancer une offensive en direction de Mykolaïv et du port d'Odessa sur la mer Noire. Aujourd'hui, c'est au tour de l'Ukraine d'utiliser ces régions pour poursuivre la guerre. Comment les forces armées vont-elles procéder à présent?
Selon plusieurs informations, les forces armées ukrainiennes se seraient déjà rendues en bateau ces derniers jours sur la péninsule de Kinbourn, située sur la rive sud du Dniepr. Des vidéos montrent plusieurs petites embarcations se dirigeant vers le cordon littoral. Bien que la péninsule appartienne géographiquement en partie à Mykolaïv et en partie à Kherson, elle est jusqu'à présent occupée par la Russie.
Une opération de débarquement à part entière sur la péninsule est toutefois peu probable, nous explique le colonel à la retraite Wolfgang Richter. «Les activités actuelles sur le fleuve sont tout au plus des avancées de renseignement». Autrement dit, les petits bateaux ne seraient absolument pas suffisants. En effet, pour cela, les unités ukrainiennes auraient besoin d'une «préparation et d'un soutien étendus par l'artillerie et par les frappes aériennes».
D'une manière générale, Richter estime qu'il est peu probable que des unités ukrainiennes construisent une tête de pont sur la rive orientale du Dniepr dans un avenir proche:
Richter part donc du principe que les unités russes et ukrainiennes dans la région de Kherson pourront se mettre d'accord sur la ligne de front du Dniepr pendant l'hiver. Les Ukrainiens auront d'abord fort à faire pour tenir la ville de Kherson qu'ils viennent de conquérir et pour rechercher et arrêter d'éventuelles tentatives ennemies.
En revanche, il pourrait y avoir du mouvement plus à l'est. Des rapports non confirmés jusqu'à présent en provenance de Melitopol indiquent que des troupes russes se retranchent dans cette ville stratégiquement importante. «Une attaque en direction de Melitopol semble évidente», déclare Christian Mölling de la Société allemande de politique étrangère. La ville serait un «objectif militaire de rêve» car à partir de là, une brèche pourrait être ouverte vers la mer d'Azov et un troisième front pourrait être ouvert.
Il n'est toutefois pas du tout certain qu'une attaque soit menée sur Melitopol. «Pour pouvoir le dire avec certitude, nous devrions d'abord savoir si les forces armées de l'Ukraine y rassemblent des troupes», explique Wolfgang Richter. De cette manière, les unités ukrainiennes pourraient au moins éviter une traversée risquée du Dniepr. De plus, le terrain en direction de Melitopol se prête mieux à une avancée, explique l'ex-militaire.
«Pour des raisons militaires et politiques, il est important pour les forces armées ukrainiennes de continuer à avancer», explique Christian Mölling. Il faut en principe éviter que l'armée russe ne s'installe sur la rive est du Dniepr après son retrait de Kherson et de la ville de Nova Kakhovka, où se trouve un important barrage.
L'Ukraine doit également continuer à avancer pour des raisons politiques, selon Mölling. S'il y a moins de succès militaires, l'Europe pourrait être moins disposée à fournir des armes supplémentaires et celles-ci sont nécessaires de toute urgence.
Toutefois, l'armée ukrainienne a toujours surpris l'Occident, explique Mölling. «Jusqu'à présent, elle a toujours obtenu plus que ce que l'on attendait d'elle».