Selon son président Vladimir Poutine, la Russie est prête à négocier avec toutes les parties impliquées dans le conflit ukrainien. Cependant, les dirigeants de Kiev et ses partisans occidentaux ont refusé les pourparlers, a déclaré Poutine dans une rare interview diffusée, dimanche, par la chaîne de télévision publique Rossiya 1. «Nous sommes prêts à négocier des solutions acceptables avec toutes les parties concernées, mais cela dépend d'eux - pas nous ceux qui refusent de négocier, ils le font.» L'Ukraine a immédiatement démenti ces propos.
L'invasion de l'Ukraine lancée le 24 février par la Russie est le conflit le plus important en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit également de la plus grande confrontation entre la Russie et l'Occident depuis la crise de Cuba en 1962, qui portait sur le déploiement de missiles à moyenne portée par les Etats-Unis en Turquie et par l'Union soviétique à Cuba.
La fin de la guerre en Ukraine, que les dirigeants russes qualifient d'«opération militaire spéciale», n'est pas en vue. Et selon eux, cette guerre ne se terminera pas tant qu'ils n'auront pas atteint tous leurs objectifs, y compris la démilitarisation de l'Ukraine. Cette dernière a déclaré qu'elle ne cessera pas de se défendre tant que les soldats russes n'auront pas quitté le territoire – et ce, y compris dans la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée par la Russie en 2014.
Putin needs to come back to reality.
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) December 25, 2022
1. Russia single-handedly attacked Ukraine and is killing citizens. There are no other "countries, motives, geopolitics"
2. Russia doesn’t want negotiations, but tries to avoid responsibility. This is obvious, so we are moving to the Tribunal.
«La Russie a attaqué seule l'Ukraine et tue des citoyens», s'est défendu sur Twitter Mychailo Podoliak, le conseiller du président ukrainien Zelensky. Selon lui, Poutine devrait «revenir à la réalité.»
Le directeur de la CIA, William Burns, s'était également montré sceptique dans une récente interview sur la volonté de dialogue de la Russie. Bien que la plupart des conflits se terminent par des négociations, l'agence de renseignement américaine est convaincue que la Russie ne prend pas encore au sérieux de véritables discussions pour mettre fin à la guerre.
Le président russe s'est montré convaincu de son approche dimanche. «Je pense que notre action va dans la bonne direction», a-t-il déclaré. Selon lui, l'Occident – mené par les Etats-Unis – tente de diviser la Russie.
Le chef du Kremlin s'est dit convaincu que la grande majorité de la population russe, soit 99,9%, était prête à défendre son pays et de tout donner pour la patrie.
Poutine a également réitéré son intention de détruire le système de défense aérienne Patriot promis à l'Ukraine par les Etats-Unis. «Bien sûr que nous les détruirons, à 100%!», s'est exclamé le chef du Kremlin. La livraison de ces armes avait été promise au président ukrainien Volodymyr Zelensky par son homologue américain Joe Biden lors de sa visite à Washington en milieu de semaine dernière.
Le gouvernement américain, quant à lui, nie avoir planifié l'effondrement de la Russie. L'Ukraine et l'Occident accusent tous deux la Russie de mener une guerre d'occupation impérialiste contre son voisin, ce qu'elle n'a pas le droit de faire. A la question de savoir si le conflit géopolitique avec l'Occident approchait d'un niveau dangereux, le président russe a répondu: «Je ne pense pas que ce soit si dangereux».
Pour Poutine, c'est l'Occident qui est à la source du conflit ukrainien, en 2014, lorsqu'un président prorusse a été renversé lors de manifestations sur le Maïdan, à Kiev. «En fait, il s'agit de la politique de nos adversaires géopolitiques, qui vise à déchirer la Russie, la Russie historique».
Poutine faisait ainsi allusion à l'ancien président ukrainien Viktor Ianoukovytch. Celui-ci avait stoppé un accord d'association largement négocié avec l'UE, déclenchant ainsi des protestations massives au sein de la population. En février 2014, le Parlement de Kiev a voté la destitution de Viktor Ianoukovytch, alors que ce dernier avait fui en Russie. Peu après cette révolution, la Russie a annexé la Crimée et des séparatistes soutenus par la Russie ont commencé à combattre les forces armées ukrainiennes dans l'est de l'Ukraine.