Lasse et frustrée de ses revers sur le champ de bataille en Ukraine, Moscou envisagerait-elle de franchir un cap? C'est du moins ce qu'affirme le New York Times. Selon le quotidien américain, la possibilité d'avoir recours à des «armes nucléaires tactiques» contre l'Ukraine a été posée sur la table par plusieurs généraux russes à la mi-octobre.
Qu'il s'agisse de bluff ou d'une possibilité sérieusement envisagée, ces tergiversations n'ont pas eu le mérite de rassurer l'administration Biden. Au contraire, elles pourraient signifier que les menaces à peine voilées de Vladimir Poutine de ces derniers mois ne seraient pas métaphoriques.
Pour le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV: «Ce qui est inquiétant, c’est le simple fait d’y réfléchir, d’y consacrer du temps, de la planification. Cela traduit que dans leur esprit c’est une option qui est envisageable».
En effet, c'est au principal intéressé qu'il revient la décision finale et le pouvoir exclusif d'utiliser ce dispositif tactique. Si l'envie lui vient, le maître du Kremlin pourrait prendre sa décision indépendamment de l'avis de ses généraux.
Toutefois, selon les responsables américains, Vladimir Poutine n'aurait pas pris part à ces conversations entre les responsables militaires.
Depuis quelques semaines, le maître du Kremlin se veut même plutôt rassurant: l'arme nucléaire, c'est niet. Dans un discours jeudi dernier, il a encore nié que Moscou se préparait à utiliser une arme nucléaire en Ukraine. «Nous n'en voyons pas la nécessité. Cela n'a aucun sens, ni politique, ni militaire», a-t-il affirmé le 27 octobre. Plusieurs de ses proches ont également tenté de rassurer, jurant qu'il était exclu d'employer le nucléaire.
Enflammer les tensions, observer la réaction occidentale, puis prendre des mesures pour calmer la situation: le schéma constamment employé par Vladimir Poutine, juge un responsable européen cité par le New York Times.
Reste pour le directeur de la CIA, William J. Burns, le «désespoir potentiel» du président russe de remporter la victoire sur l'Ukraine et les revers de la guerre de ces dernières semaines pourraient finir par le convaincre d'employer la méthode ultime.
John F. Kirby, responsable du Conseil de sécurité nationale américain, n'a pas caché qu'il ne prenait pas cette éventualité à la légère: «Nous avons été clairs dès le départ que les commentaires de la Russie sur l'utilisation potentielle d'armes nucléaires sont profondément préoccupants. Nous les prenons au sérieux».
Pourtant, les responsables américains ont déclaré qu'ils n'avaient vu aucune preuve que les Russes mettaient en place des armes nucléaires ou prenaient d'autres mesures tactiques pour se préparer à une frappe. (mbr)