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Viktor Orbán fait «un gros doigt d'honneur» à l'Europe

Hungary's Prime Minister Victor Orban arrives to attend the NATO summit in Vilnius, Lithuania, 11 July 2023.
Victor Orban, premier ministre hongrois, au sommet de l'OTAN à Vilnius, en Lituanie, le 11 juillet 2023.Image: EPA

Viktor Orbán fait «un gros doigt d'honneur» à l'Europe

Alors que tous les autres Etats membres de l'UE ont resserré les vis en matière d'octroi de visas, la Hongrie facilite depuis peu l'entrée sur son territoire des travailleurs russes et biélorusses. L'UE réagit vivement et craint une faille dans la sécurité.
07.09.2024, 15:5507.09.2024, 16:28
Remo Hess, Bruxelles / ch media
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Les services secrets occidentaux mettent régulièrement en garde contre l'espionnage et le sabotage en Europe par des agents russes. Il y a quelques jours seulement, la base aérienne de l'OTAN à Geilenkirchen en Allemagne a dû être partiellement évacuée en raison d'indices d'une opération de sabotage russe.

En réponse à la menace accrue, des règles d'entrée plus strictes sont en vigueur depuis septembre 2022 pour les citoyens russes dans l'Union euroéenne. Celles-ci produisent leurs effets: le nombre de visas russes délivrés dans l'UE a chuté de 90%.

L'UE tire la sonnette d'alarme

La Hongrie prend désormais le chemin inverse. Depuis juillet, le gouvernement du Premier ministre Viktor Orbán a assoupli les conditions d'entrée pour les Russes et les Biélorusses. Les ressortissants de ces deux pays qui souhaitent chercher du travail en Hongrie peuvent demander une «carte nationale» et ainsi entrer plus facilement dans le pays. Ce titre de séjour permet de s'établir dans le pays pendant au moins deux ans. Le regroupement familial est désormais, lui aussi, rendu possible.

A Bruxelles et dans les capitales de l'UE, la sonnette d'alarme est tirée face à cette «politique de bienvenue» hongroise pour les Russes et les Biélorusses. La commissaire en charge des affaires intérieures, Ylva Johansson, considère les règles hongroises comme une menace potentielle pour la sécurité intérieure.

Elle, en effet, craint que la Hongrie ne devienne une porte d'entrée pour les saboteurs et agents russes, qui pourraient alors se déplacer librement dans l'espace Schengen – dont la Suisse fait aussi partie. La Hongrie met en péril la confiance mutuelle sans laquelle l'espace Schengen commun ne peut pas fonctionner, a déploré Ylva Johansson. Elle exige des réponses de Budapest.

Outre la question de savoir à quels contrôles de sécurité les citoyens russes et biélorusses seraient concrètement soumis, il s'agit également de savoir pourquoi la Hongrie a décidé d'assouplir son régime d'entrée, «à un moment où les deux pays sont clairement hostiles à l'UE». C'est ce qu'a déclaré la Suédoise mercredi lors d'une audition au Parlement européen à Bruxelles.

Personne ne croit à l'argument hongrois

Officiellement, le gouvernement hongrois évoque le manque de personnel qualifié. La «carte nationale» est attribuée à des ressortissants de pays tiers qui ont des «compétences spécifiques» demandées sur le marché du travail hongrois, a déclaré le ministre hongrois des Affaires européennes Janos Boka lors d'une conférence de presse mercredi à Bruxelles.

La Hongrie agit ici, puisqu'il ne s'agit pas de visas Schengen, dans le cadre d'une compétence exclusivement nationale et dans le respect des règles européennes. Il a qualifié d'«hystérie» les réactions négatives au régime d'entrée. Et de rappeler que seuls quatorze permis d'établissement ont été délivrés à des Russes et des Biélorusses depuis l'assouplissement des règles il y a deux mois.

La question se pose d'autant plus de savoir pourquoi l'ouverture de la frontière avec la Russie était nécessaire si, d’après les données hongroises, presque aucun citoyen n’en a fait usage.

Pour certains politiques à Bruxelles, comme l'eurodéputé chrétien-démocrate Jeroen Lenaers, l'affaire est claire:

«C'est un cadeau du Premier ministre Orbán à Poutine, un sabotage direct de la politique commune envers la Russie et un gros doigt d'honneur à tous les autres pays de l'UE et de l'espace Schengen.»
Jeroen Lenaers, eurodéputé chrétien-démocrate.

Pour lui, l'assouplissement des règles est directement lié à la visite d'Orbán à Vladimir Poutine au Kremlin, qui a eu lieu pratiquement au même moment début juillet. Le ministre hongrois de l'UE Janos Boka se contente de dire:

«C'est une pure coïncidence»

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

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