Des cadavres de personnes décédées du Covid-19, allongés dans des lits d'hôpital et emballés dans un sac mortuaire, surmontés par des phrases accrocheuses du style: «Il a cru à la désinformation». C'est la campagne choc lancée il y a une semaine par les autorités tchèques dans l'objectif d'augmenter le faible taux de vaccination du pays, qui n'est que de 57% (contre 64% en Suisse).
Jusqu'à présent, ce spectacle d'horreur a donné aussi peu de résultats que la «Semaine de la vaccination» organisée en Suisse. Au cours des sept derniers jours, le taux de vaccination tchèque a augmenté de 0,5%. Pendant ce temps, le nombre de nouvelles infections quotidiennes augmente nettement plus vite. Les nouveaux cas quotidiens dépassent actuellement les 11 500.
Alors que des hôpitaux sont au bord de l'effondrement, les équipes mobiles de vaccination se font régulièrement insulter, voire agresser physiquement par les récalcitrants.
La campagne a surtout déclenché une chose: susciter la polémique sur les limites de ce qui peut être dit et montré.
Vojtech Petracek, le recteur de l'université technique de Prague, déplore dans une lettre ouverte une campagne de «mauvais goût», qui devrait être arrêtée pour éviter les «dommages psychologiques».
L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) à Berne ne voit pas non plus de modèle dans la procédure tchèque. «Les appels à la peur attirent l'attention, mais risquent en même temps de susciter le rejet d'une partie de la population», indique l'OFSP à CH Media.
Malgré les débats qu'elle a suscités, la campagne choc satisfait les autorités tchèques. «Nous devons montrer à tous ceux qui sont empâtés dans leur zone de confort la terrible réalité des hôpitaux», a déclaré à la radio le ministre de la Santé Adam Vojtech.