«Sortir ensemble de la pandémie». C'est le slogan dévoilé aujourd'hui par le Conseil fédéral pour regarder l'hiver covidien dans le blanc des yeux. Et surtout pour mener à bien une Semaine de la vaccination de la dernière chance, en sachant que la Suisse risque fort de se manger une énième baffe sanitaire. Qu'on s'en fiche ou non, les cas augmentent plus vite que nos chances de passer le Nouvel-An à se rouler des pelles sous le gui. Et nous voilà flanqués d'un slogan aussi mou que la volonté des irréductibles récalcitrants à s'approcher d'une aiguille.
Le programme de ce festival de bonnes intentions? Concerts de Stress et de Sophie Hunger, conseils personnalisés, râteliers à seringues et estafettes de l'OFSP dans tout le pays. Coût de cette mascarade fédérale? 100 millions de francs. Un budget trois fois plus dodu que celui du Paléo Festival sauf qu'ici, aucune chance d’afficher sold-out. On est tenté de confier la gestion de la vaccination à Daniel Rossellat, lui qui parvient à convaincre 5000 citoyens de bosser bénévolement sans le moindre slogan.
Pourtant, le Conseil fédéral y croit très fort, même s'il n'a aucun objectif réaliste à proposer. Nous sommes aujourd'hui en mode foutu pour foutu. «Chaque vaccination est un combat de gagné» nous a assuré Guy Parmelin mercredi. Réunir deux ou trois stars nationales comme autant de mascottes vaccinales et brancher les guitares sur la place fédérale devrait faire l'affaire. Notre président va même jusqu'à tenter une prière apéritive à la vaudoise:
Nul besoin d'être un crac en communication pour savoir qu'intimer un peuple à s'unir, signifie qu'il ne l'est pas. Et une pandémie, c'est un ennemi qu'il faut abattre, pas une épicerie bio de laquelle on s’échappe en sifflotant un samedi matin. Alors «sortir ensemble de la pandémie», comme ça, simplement en chanson, c'est non. La cinquième vague devrait nous le prouver avec une rigueur qu'on n'espérait pas vraiment. Et puis, comme pour les Bleus lors de la Coupe du monde 2002: un hymne ne suffit pas pour être champion et pour être «tous ensemble».