Volodymyr Zelensky a commencé son plus récent voyage en Amérique en se rendant à l'usine d'armement historique à Scranton, en Pennsylvanie. Le président ukrainien y a remercié chaleureusement les «quatre cents personnes qui ont sauvé des millions d'Ukrainiens».
Ces quatre cents personnes produisent dans la Scranton Army Ammunition Plant la chemise en acier d'un obus d'obusier de calibre 155 millimètres – une munition qui joue un rôle central dans la lutte contre l'armée russe. «Nous avons besoin de plus», a déclaré Volodymyr Zelensky lors de sa visite.
C'était la partie facile de la visite du président ukrainien, qui doit maintenant se livrer à un exercice diplomatique digne d'un équilibriste.
Le programme de Zelensky comprend les points suivants: un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York, suivie d'une visite à la Maison-Blanche à Washington, où il s'entretiendra jeudi avec le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris sur son plan de victoire en plusieurs étapes.
Des entretiens avec des députés démocrates et républicains de premier plan sont également prévus, ainsi que des discussions sur les futurs paquets d'armes. Et une rencontre avec le candidat à la présidence de l'autre grand parti du principal allié de l'Ukraine.
Et c'est là que les choses pourraient devenir vraiment délicates pour Zelensky. Certes, on ne sait pas encore quand et où une rencontre avec Donald Trump, l'ex-président et candidat républicain à la Maison-Blanche, pourrait avoir lieu. Mais si un entretien direct devait vraiment avoir lieu entre les deux hommes politiques, le président ukrainien prendrait alors un risque.
En effet, il se peut que Trump ne fasse qu'écouter poliment Zelensky parler de son plan de victoire. Car le républicain a ses propres idées sur la manière dont il veut mettre fin «immédiatement» à la guerre en Ukraine.
En public, Trump ne parle pas de ses idées concrètes, notamment parce qu'il veut soi-disant surprendre ses partenaires de négociation. Ce que l'on sait, c'est qu'il a en tête «un accord» qu'il conclurait avec Zelensky et Poutine après une éventuelle victoire électorale, avant même son investiture. Trump l'annonce:
A la question de savoir si les Etats-Unis souhaitaient une victoire de l'Ukraine, le républicain a simplement répondu lors du débat télévisé du 10 septembre:
Trump affirme que des «millions de personnes» ont été tuées en Ukraine depuis le début de la guerre. «Cette effusion de sang doit cesser», selon lui.
De telles déclarations font sonner l'alarme à Kiev. Certes, le gouvernement ukrainien affirme lui aussi qu'il est intéressé par une fin rapide de la guerre. Mais lors d'un entretien avec le magazine New Yorker, Zelensky a récemment laissé entendre que Trump a probablement les yeux plus grands que le ventre lorsqu'il évoque la recherche d'un plan de paix. Et de déclarer:
Zelensky s'est exprimé de manière encore moins diplomatique sur le numéro deux de Trump, JD Vance. «Il est trop radical», a-t-il déclaré à propos du sénateur de 40 ans qui occuperait le poste de vice-président en cas de victoire des républicains aux élections. Vance envisage en effet que l'Ukraine cède à la Russie les territoires situés à l'est de la ligne de démarcation actuelle afin de mettre fin à la guerre. En outre, l'Ukraine devrait promettre de rester neutre à l'avenir. En contrepartie, les Etats-Unis garantiraient la sécurité de ce pays nettement plus petit, a déclaré le sénateur dans un podcast.
Zelensky ne veut rien savoir sur de tels projets:
Zelensky aura-t-il un ton aussi clair lorsqu'il s'entretiendra avec Trump? Les deux hommes se sont rencontrés pour la dernière fois il y a cinq ans, à New York, en marge de l'assemblée générale de l'ONU. C'était au début d'une tempête politique en Amérique, qui s'est soldée par la première procédure de destitution contre le président Trump de l'époque.
Le républicain a donc profité de sa rencontre avec Zelensky, en septembre 2019, pour se présenter sous un meilleur jour. Une photo des deux est restée gravée dans les mémoires: Trump, à droite sur la photo, dit quelque chose. Et Zelensky, qui a l'air très jeune, écarquille les yeux, comme s'il ne pouvait pas croire ce qu'il vient d'entendre.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci