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Dmitri Outkine, le «sadique» néonazi mort avec Prigojine

Dmitri Outkine est décédé dans un crash aérien le 23 août 2023. Il était une figure de proue des Wagner.
Dmitri Outkine était un fan d'Adolf Hitler et arborait des tatouages à la gloire du nazisme. Image: watson

Dmitri Outkine, le «sadique» néonazi mort avec Prigojine

Dmitri Outkine a été tué dans le crash d'un avion transportant dix personnes au nord de Moscou, dont Evgueni Prigojine. Le co-fondateur de Wagner était une pièce maîtresse du groupe paramilitaire. Portrait d'un commandant qui cultivait le secret.
24.08.2023, 16:5424.08.2023, 17:41
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Alors qu'Evgueni Prigojine prenait la lumière, Dmitri Outkine opérait dans l'ombre. Très souvent, le premier nommé s'exprimait en public, s'affichait comme le grand ponte des opérations des «musiciens» sur le territoire ukrainien et en Afrique. Le second ne prenait jamais la parole, évitant soigneusement les caméras, les photos, mais demeurait un pion primordial dans l'empire Wagner.

Dmitri Outkine, annoncé mort dans le crash aérien du 23 août 2023, est celui qui a baptisé le groupe paramilitaire du nom de Wagner, en hommage au musicien fétiche d'Adolf Hitler.

Tatoué de tout l’attirail néonazi sur la peau, cet adorateur du IIIe Reich était un ancien commandant du renseignement militaire russe. Un dur à cuire qui remplissait le rôle d'homme-orchestre de la milice.

Mais qui est-il? Son histoire est assez nébuleuse. Selon les informations du site d'investigation Bellingcat, il a vu le jour en Ukraine soviétique, il y a 53 ans. Il était lieutenant-colonel dans l’armée russe pendant les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2009) au sein du 700e détachement d’intervention de la 2e brigade des forces spéciales du GRU (Direction générale des renseignements militaires russes). De retour en Russie, Outkine ne goûte guère sa vie civile. Son ex-femme confessait, lors d'une interview pour le média Gazeta.ru, que sa situation lui déplaisait, il préférait combattre sur le front.

«Il est un guerrier par nature»
L'ex-femme de Dmitri Outkine

La carrure imposante du bonhomme se promènera loin des territoires russes. On retrouve sa trace dans les rangs du Slavonic Corps, en 2010, où il s'enrôle avec la société paramilitaire privée, enregistrée à Hong-Kong et montée pour combattre en Syrie. C'est à cet instant qu'il s'envole pour la Syrie, pour sécuriser notamment des sites pétroliers et soutenir l'armée de Bachar al-Assad.

En Crimée, en 2014

On le croise à nouveau en 2014, dans le Donbass et en Crimée. Intégré au mouvement séparatiste, c'est à ce moment précis que la milice Wagner voit le jour. Au moment de l'annexion de la Crimée, en mars 2014, le blason de la milice Wagner fait son apparition sur le champ de bataille, relate Libération.

Dmitri Outkine
Dmitri Outkine était un guerrier de nature, selon son ex femme. Image: Wikimedia Commons

Outkine était une ombre, ne se montrait jamais; il se comportait comme un commandant de terrain. Considéré comme le réel patron de Wagner, Outkine avait pourtant commandé en personne la colonne de mutins remontant de Rostov-sur-le-Don vers Moscou, le 24 juin, rapporte Le Monde.

Loin d'être un enfant de chœur, Outkine avait fait couler le sang dans de nombreux combats, notamment pour épauler les forces syriennes et russes dans leur volonté de reprendre la ville de Palmyre aux combattants du Daech. Accusé de nombreuses horreurs, il était fiché dans le Journal officiel de l'Union européenne, daté de décembre 2021, et reconnu comme un criminel de guerre. De graves atteintes aux droits de l’Homme lui étaient reprochées, dont des actes de torture, ainsi que des exécutions et assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires perpétrés par le groupe Wagner.

Un ancien mercenaire, Marat Gabidoulline, n'avait pas ménagé Outkine dans les colonnes du Point, le traitant de «sadique» et l'accusant d'avoir «sali l'image de la milice» en torturant un déserteur syrien, avant de le décapiter et de lui mettre le feu. Le cacique des Wagner voulait assoir la réputation des mercenaires, en véhiculant une image de «démons sanguinaires».

Dmitri Outkine (entouré en rouge) en présence de Vladimir Poutine.
Andreï «Brodiaga» Bogatov, Andreï «Sedoï» Trochev, Alexandre «Ratibor» Kouznetsov et Dmitri «Wagner» Outkine, au Kremlin avec Vladimir Poutine (au centre), en 2017.Image: VKontakte

Outkine était proche de Poutine, aperçu notamment sur une photo entouré de plusieurs hauts gradés. L'un des seuls clichés où cet homme de l'ombre apparait. Selon Libération, son ex-femme, Elena Shcherbinina, a même interpellé l’émission télévisée «Wait for Me» - qui aide à retrouver des personnes disparues -, pour retrouver la trace de son ancien compagnon, en 2015.

Ce dernier avait déserté, soudain effacé de la civilisation. Il n’était réapparu qu'en 2016, en Syrie pour prendre les armes avec Wagner. En 2017, il est vu aux côtés de Poutine. Sa dernière apparition? Dans des communications du groupe mercredi 19 juillet, moment où, vraisemblablement sur une base biélorusse, il remerciait ses troupes. Sans montrer son faciès de tueur à gages et sa carrure de déménageur, il a harangué ses troupes, avant de lâcher un «welcome to hell». Ce guerrier dans l'âme ne croyait pas si bien dire: un petit mois plus tard, le voilà aux portes du purgatoire.

Le crash de l'avion de Prigojine
Video: twitter
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